Bertrand Russell (18 mai 1872 [Trelleck, Pays de Galles] - 2 février 1970 [Penrhyndeudraeth, Pays de Galles])
Bertrand Russell est un logicien, philosophe et essayiste anglais du XXè siècle, une des figures intellectuelles marquantes de ce siècle. Né en 1872 dans une famille aristocratique (il fut lui-même comte de Kingston) et engagée politiquement (son grand-père fut deux fois premier ministre), il est orphelin à quatre ans et élevé par ses grands-parents. Son enfance est solitaire il est éduqué par des précepteurs et initié à la géométrie par son frère, avant de rentrer au Trinity College de Cambridge en 1890. Il y réussit ses examens de mathématiques et de sciences morales. Il règne alors à Cambridge une grande effervescence intellectuelle et un fort attrait pour la recherche. Russell bénéficie d'une bourse qui lui permet d'alterner voyages à l'étranger (notamment aux États-Unis et en Allemagne) et enseignement au Trinity College.
À Cambridge, Russell travaille avec A. Whitehead aux fondements des mathématiques. Quand, en 1903, il découvre son célèbre paradoxe qui peut se produire dans une théorie des ensembles trop naïve, Russell pense que pour le résoudre, il doit réduire les mathématiques à la logique et que celle-ci, considérée autrefois comme du bon sens commun, doit être axiomatisée. Inspirés par Peano et Frege, Russell et Whitehead réussissent à faire dériver les principaux résultats de théorie des ensembles, arithmétique, théorie de la mesure, d'une liste bien définie d'axiomes et de règles de déduction, en utilisant un langage logique-symbolique particulier. Ils publient ces résultats dans l'oeuvre monumentale Principia Mathematica en trois volumes de 1910 à 1912.
Russell a des convictions morales et politiques libertaires. Il est tout au long de sa vie un grand militant pacifiste. Cela lui vaut d'être renvoyé du Trinity College en 1916 pour avoir publié des textes contre la guerre, puis, après la parution d'autres textes, d'être même emprisonné six mois en 1918. Il est socialiste, mais à la suite d'un voyage en Russie en 1920, il ne cache pas ses critiques contre le régime totalitaire qui est en train de se mettre en place. Profondément athée, défenseur du droit de vote des femmes, marié quatre fois, et connu pour avoir eu de nombreuses maitresses, il milite pour la liberté sexuelle, ce qui lui vaudra à nouveau d'être renvoyé, cette fois du City College de New-York, pour immoralité. Il est cependant à nouveau titulaire d'une chaire au Trinity College à partir de 1943. En 1950, son oeuvre est couronnée du prix Nobel de Littérature.
L'engagement politique de Russell ne s'essoufle pas après la Seconde Guerre Mondiale. Il continue de militer, contre la guerre du Viet-Nam (notamment à travers le tribunal Russell-Sartre où avec le philosophe français, il faisait le procès de la politique étrangère américaine), contre l'arme nucléaire (il est l'auteur avec Albert Einstein d'un manifeste en 1955 enjoignant les dirigeants du monde à se détourner des armes nucléaires et à chercher une issue pacifique aux conflits). À 87 ans, il est même encore condamné et brièvement incarcéré à la suite de sa participation à une manifestation pacifiste !