Karl Pearson (27 mars 1857 [Londres] - 27 avril 1936 [Coldharbour])
Karl Pearson est un mathématicien anglais qui fut l'une des figures de proue de l'émergence de la statistique au début du XXiè siècle. Issu d'une famille de la classe moyenne supérieure du Yorkshire (son père est avocat), il entre à 9 ans à l'University College School de Londres, qu'il quitte à 16 ans pour des raisons de santé. Grâce à l'aide d'un tuteur privé, il réussit néanmoins l'examen d'entrée à Cambridge en 1875 et entre alors au King's College. Il y étudie principalement les mathématiques. Après son succès aux examens terminaux de 1879, il bénéficie d'une bourse qui lui donne la liberté d'étudier et de voyager. Il en profite pour se rendre en Allemagne en 1880 où il étudie la philosophie et la littérature allemande, puis, à son retour en Angleterre, pour suivre des cours de droit.
En 1884, il devient professeur de mathématiques appliquées à l'University College of London. Il écrit alors de nombreux articles de mathématiques appliquées, de physique et d'histoire des sciences. En 1890, il épouse Maria Sharpe. Ensemble, ils auront trois enfants dont l'un deviendra lui-aussi un grand mathématicien.
Il est curieux de constater qu'en 1890, à 33 ans, Pearson, qui est principalement connu pour ses contributions en statistique, n'avait pas du tout abordé ce sujet. Il y vient sous l'influence de son collègue Walter Weldon, un zoologiste, qui s'intéresse à la mesure des effets de la sélection naturelle sur les espèces, suivant en cela le livre précurseur de Francis Galton. À partir de 1893, Pearson réalise des progrès remarquables en statistique (régression, coefficient de corrélation, test du $\chi^2$). Avec Galton et Weldon, il fonde la revue Biometrika, journal pour l'étude statistique des problèmes biologiques.
En 1911, il renonce à sa chaire de mathématiques appliquées pour la chaire d'eugénisme, créée à la mémoire de Galton, toujours à l'University College of London. Il y fonde le département de statistiques. Vers 1920, son étoile pâlit au profit de Fisher, avec qui il entretient des rapports tendus. Veuf en 1928, remarié en 1929, il prend sa retraite en 1933 et c'est son fils qui lui succède à la tête du département de statistiques.
À côté de sa vie professionnelle, Pearson était un libre penseur qui milita pour le droit des femmes et un socialiste qui donna des conférences sur Karl Marx. Cela le poussa à refuser l'anoblissement. Suivant les idées de Galton, il était un partisan convaincu de l'eugénisme : pour lui, il est souhaitable d'améliorer la race humaine en sélectionnant et en favorisant les plus doués de ses représentants, comme le fait la sélection naturelle pour les animaux.