Teiji Takagi (21 avril 1875 [Kazuya], 29 février 1960 [Tokyo])
Teiji Takagi est le premier mathématicien japonais moderne. Il est né le 21 avril 1875 dans la province de Gifu, une région montagneuse du Japon. Son père, qui porte le nom de Kinomura, travaille dans une ferme. Mais sa mère, semble-t-il effrayée par les sangsues qui sont nombreuses dans les rizières, préfère retourner dans sa famille après la naissance. Aussi, Takagi porte le nom de sa mère, et est élevé en partie par son oncle. Écolier très doué, il suit le lycée à Kyoto, l'ancienne capitale, puis entre en 1891 à l'université impériale de Tokyo, la seule du pays. Il y est un étudiant brillant, mais peu sociable, qui apprend les mathématiques en lisant de nombreux ouvrages.
En 1898, le gouvernement japonais l'envoie continuer ses études en Allemagne. Il se rend d'abord à Berlin, puis à Göttingen où il se passionne pour la théorie algébrique des nombres. Il prouve alors une conjecture de Kronecker, qui était le rêve de jeunesse de ce dernier. De retour au Japon en 1901, il est immédiatement nommé professeur assistant. Il se marie avec Toshi Tani en 1902 (ensemble, ils auront 8 enfants), soutient sa thèse en 1903 et est alors nommé professeur permanent.
Étonnamment, Takagi arrête ses recherches de 1903 à 1914, pour se consacrer à l'enseignement et écrire de nombreux livres de cours. Il expliquera plus tard qu'il n'avait alors pas trouvé la motivation pour entreprendre de nouveaux travaux. C'est la Première Guerre Mondiale qui lui donne cette motivation, notamment le fait que tous les contacts soient coupés avec l'Europe, ce qui faisait prédire à certains la mort de la science japonaise. Takagi développe alors la théorie des corps de classe, qui étend des résultats précédents de Hilbert et Weber et qui est popularisée ensuite par Artin.
En 1936, Takagi prend sa retraite mais continue à publier livres et articles. Sa maison de Tokyo est détruite lors d'un bombardement durant la Seconde Guerre Mondiale, et il doit momentanément retourner dans son village de naissance. Il décède des suites d'un accident vasculaire cérébral en 1960. Par ses livres, qui ont eu une grande influence pendant des générations sur la formation, par ses recherches brillantes, il est considéré comme le père des mathématiques japonaises modernes.