Paul Painlevé (5 décembre 1863 [Paris] - 29 octobre 1933 [Paris])
Paul Painlevé fut un grand mathématicien au tournant du XIXè et du XXè siècle, peut-être pas le plus grand, mais probablement un des plus connus hors du sérail scientifique, tant il eut en effet une carrière politique brillante qui l'amena à exercer les plus hautes responsabilités au sommet de l'état.
Fils d'un dessinateur lithographe, il effectue des études brillantes dans les "grands lycées" parisiens, avant d'intégrer l'Ecole Normale Supérieure en 1883. Il profite de cette période pour aller suivre les cours de Schwarz et de Klein à Göttingen, avant de passer l'agrégation en 1886 et d'obtenir son doctorat en 1887. Il part alors enseigner la mécanique à Lille, et il revient en 1892 à Paris : il sera successivement professeur à la Sorbonne, à l'Ecole Normale Supérieure, au Collège de France et à l'Ecole Polytechnique. A compter de 1900, il est aussi membre de l'Académie des Sciences, dont il est le président en 1918.
Les contributions essentielles de Painlevé concernent les équations différentielles. Il étudie les équations différentielles du second ordre (celles qui s'écrivent $y''=f(x,y,y')$), et résout notamment des équations qui avaient résisté à Poincaré et Picard en introduisant de nouvelles fonctions transcendantes, c'est-à-dire des fonctions qui ne peuvent pas s'écrire à l'aide des fonctions usuelles. Ces fonctions portent désormais le nom de fonctions de Painlevé.
Painlevé est également un passionné d'aéronautique : il effectue son baptême de l'air en 1908 comme passager de Wilbur Wright alors que ce dernier bat le record de durée de vol (1h10). Un an plus tard, il crée le premier cours universitaire de mécanique des fluides appliqué à l'aéronautique.
La carrière politique de Painlevé commence avec l'affaire Dreyfus, dont il est un des plus farouches défenseurs. Il se fait ensuite élire député du Vè arrondissement de Paris en 1910, puis entre au gouvernement en 1915 comme ministre de l'Instruction Publique. Ministre de la guerre en mars 1917, puis Président du conseil en septembre de la même année, c'est notamment lui qui nomme Philippe Pétain commandant en chef et Ferdinand Foch chef d'état-major des armées. Il est toutefois remplacé par Georges Clémenceau dès novembre 1917.
Après la fin de la guerre, il anime le cartel des gauches, et préside un temps la chambre des députés. Candidat malheureux à l'élection à la Présidence de la République face à Gaston Doumergue en 1924, il est à nouveau Président du Conseil de 17 avril au 22 novembre 1925. Il est ensuite ministre de la guerre (un des instigateurs de la ligne Maginot) et le premier ministre de l'air.
À l'occasion de son décès en octobre 1933, des funérailles nationales sont organisées, et Painlevé est inhumé au Panthéon.