Emil Artin (3 mars 1898 [Vienne] - 20 décembre 1962 [Hambourg])
Emil Artin est un mathématicien autrichien du XXè siècle, souvent considéré avec Emmy Noether comme le père de l'algèbre moderne. Il est né le 3 mars 1898 à Vienne, d'un père marchand d'art et d'une mère chanteuse d'opéra. Il doit sans doute à sa mère sa passion pour la musique qui ne le quitta pas. Son père décède alors qu'il a huit ans, sa mère se remarie l'année suivante, mais les relations entre Artin et son beau-père sont tendues. La famille s'installe à Reichenberg (maintenant Liberec, en République tchèque) où Artin réalise ses études secondaires, hormis l'année scolaire 1912-1913 passée en France.
Artin entre à l'université de Vienne en octobre 1916. Malheureusement la Première Guerre Mondiale fait rage, et Artin est appelé à servir sur le front italien où il fait office de traducteur. À la fin de la guerre, il finit l'année universitaire à Vienne, puis rejoint l'université de Leipzig en 1919. Il y étudie essentiellement les mathématiques, sous la direction de Gustav Herglotz, soutient son doctorat en juin 1921, puis passe une année à l'université de Göttingen. Il obtient ensuite en 1922 un poste à l'Université de Hambourg où il grimpe rapidement les échelons (PrivatDozent en 1924, Professeur Assistant en 1925, Professeur en 1926). Ses années à Hambourg seront extrêmement productives. Il réalise des travaux très importants en théorie algébrique des nombres, développant notamment la théorie des corps de classe, il s'intéresse à la théorie abstraite des groupes, anneaux et corps, il résout en 1927 le 17è problème de Hilbert, il est aussi expert en topologie algébrique et en particulier en théorie des tresses.
L'arrivée d'Hitler au pouvoir en 1933 marque un tournant dans sa vie. Si Artin n'est pas juif, son épouse, une ancienne élève avec laquelle il s'est mariée en 1929, l'est. Il est de plus en complet désaccord avec le nouveau pouvoir. Il n'a d'autre choix que de s'exiler aux États-Unis en 1937. Il est à l'Université de Notre Dame (dans l'Indiana) l'année 1937-1938, passe ensuite 8 ans à l'Université de Bloomington (toujours dans l'Indiana), puis 12 ans à l'Université de Princeton. Si sa production scientifique est moins nombreuse (mais toujours excellente), il consacre beaucoup d'énergie à encadrer des étudiants en thèse (en tout une trentaine, parmi lesquels S. Lang et J. Tate) et il écrit aussi des livres qui deviennent des textes de référence.
Artin retourne en Allemagne en 1956 à la faveur d'un congé sabbatique. Il décide alors de s'y installer à nouveau, ce qu'il fait à partir de 1958, redevenant professeur à l'Université de Hambourg. Il décède le 20 décembre 1962 d'une crise cardiaque. Depuis 2001, la société mathématique arménienne décerne tous les ans un prix Emil Artin à un(e) mathématicien(ne) de moins de 35 ans ayant étudié dans une université arménienne pour des contributions exceptionnelles en algèbre, en géométrie, en topologie et en théorie des nombres.