Szolem Mandelbrojt (20 janvier 1899 [Varsovie] - 23 septembre 1983 [Paris])
Szolem Mandelbrojt est un mathématicien français d'origine polonaise, né à Varsovie le 20 janvier 1899. Sa famille aime beaucoup les sciences, son neveu, Benoit Mandelbrot, sera lui-même un grand mathématicien, l'inventeur des fractales. Après des études de 1915 à 1917 au lycée, Szolem Mandelbrojt entre en 1917 à l'École Polytechnique de Varsovie : il est l'élève de plusieurs mathématiciens de renom, comme Rajchman ou Sierpinski. Dès 1919, il publie son premier résultat de recherche, qui porte sur la théorie des nombres.
En 1919, il part à Kharkov (dans l'actuelle Ukraine), où vit un de ses oncles. Il est l'unique auditeur des cours de Bernstein, auprès duquel il apprend la théorie des fonctions d'une variable complexe. En 1920, il se rend à Paris après un court séjour à Berlin. Il y vit grâce à la bourse d'un diamantaire très riche, qui est une connaissance de la famille. Il suit les cours de Goursat, Picard, Hermite, et entreprend une thèse sur le prolongement des fonctions analytiques. Il soutient cette thèse, intitulée Sur les séries de Taylor qui présentent des lacunes, en 1923 ; il y améliore notamment des résultats de Hadamard.
En 1924-1925, il bénéficie cette fois d'une bourse Rockefeller, qui lui permet notamment de visiter Volterra à Rome. Grâce à l'intervention de Hadamard, il est naturalisé en 1926, puis se marie quelques semaines plus tard. Il part ensuite un an au Rice Institute de Houston, avant de rentrer en France effectuer son service militaire. Il est ensuite chargé de cours à la Faculté des Sciences de Lille pour l'année universitaire 1928-1929, avant de devenir professeur à l'Université de Clermont-Ferrand.
C'est l'époque de la naissance de Nicolas Bourbaki. Mandelbrojt est le plus vieux de ce groupe de jeunes mathématiciens, le seul titulaire, et à ce titre il oeuvre beaucoup pour la logistique des travaux du groupe. C'est la présence de Mandelbrojt à Clermont-Ferrand qui explique que les réunions du groupe se déroulent alors à Besse-en-Chandesse, petit village des montagnes auvergnates, où l'Université de Clermont-Ferrand possède une station biologique.
Szolem Mandelbrojt retourne à Paris en 1938, date de sa nomination à la chaire de mathématiques et de mécanique au Collège de France. Mais il est mobilisé en 1939 et sert dans une unité combattante. Après l'armistice, il retourne au Rice Institute de Houston, et il est révoqué en 1942 du Collège de France pour avoir servi les Forces Françaises Libres. Cependant, à la libération, il est réintégré et il reste titulaire de la chaire jusqu'à sa retraite, en 1972.
Szolem Mandelbrojt a publié près de 200 articles et de nombreux livres, la plupart autour de la théorie des fonctions et des séries de Dirichlet. Il reçut durant sa vie de nombreuses distinctions honorifiques, dont la Légion d'honneur. Il est également élu membre de l'Académie des sciences en 1972.
Source : La plupart des informations de cette biographie sont issus de "Souvenirs à bâtons rompus de Szolem Mandelbrojt", recueillis en 1970 par son neveu Benoit, et publié dans Cahiers du séminaire d'histoire des mathématiques 6 (1985)