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Joseph-Louis Lagrange (25 janvier 1736 [Turin] - 10 avril 1813 [Paris])

Giuseppe Lodovico Lagrangia est né le 25 janvier 1736 à Turin, alors capitale du royaume de Sardaigne. Il est pourtant considéré comme un mathématicien français et non italien, ceci de sa propre volonté (la branche paternelle de sa famille étant française). Son père dispose d'une position sociale favorable auprès du roi de Sardaigne, mais il a perdu beaucoup d'argent dans une spéculation hasardeuse. Lagrange étudie brillamment à l'université de sa ville natale  ; son intérêt pour les mathématiques ne se manifeste que vers 17 ans, à la lecture d'un mémoire de Halley sur l'utilisation de l'algèbre en optique. Il se plonge alors aussitôt, seul et sans aide, dans l'étude de cette discipline.

Très rapidement, il obtient des résultats probants. A l'été 1755, deux ans seulement après le début de ses travaux, il écrit une longue lettre à Euler (alors le plus grand mathématicien vivant) sur la détermination de la courbe tautochrone (i.e. la courbe telle que deux mobiles identiques lâchés au même moment en des points différents de la courbe arrivent au point le plus bas au même moment). Cette courbe (une cycloïde) a été déterminée pour la première fois par Huyghens, mais la méthode que propose Lagrange pour l'obtenir est beaucoup plus générale, et donnera naissance au "Calcul des variations". Cet échange est le prémice d'une riche correspondance entre Lagrange et Euler, marquée par un respect mutuel important.

À la fin de cette même année 1755, Lagrange devient professeur à l'école d'artillerie de Turin, ville où il fonde en 1757 une académie des sciences. Son talent est très vite reconnu, et il écrit durant ses premières années de brillants mémoires où il applique les méthodes du calcul des variations à la mécanique (propagation du son, problème des n-corps, cordes vibrantes). En 1764 notamment, Lagrange gagne le Grand Prix de l'Académie des sciences de Paris, pour son travail sur les librations de la Lune, c'est-à-dire les petites perturbations de son orbite, et sur ce phénomène étrange qui fait que la Lune présente toujours la même face à la Terre. Lagrange deviendra un véritable habitué de ce prix, le gagnant à nouveau en 1772, 1774 et 1780.

En 1766, grâce à l'appui de D'Alembert, Lagrange succède à Euler au poste prestigieux de directeur des mathématiques à l'Académie des sciences de Berlin. Il passera 20 ans là-bas, d'une extraordinaire fertilité. Hormis quelques arrêts dus à une santé fragile, il publie avec une régularité impressionnante des mémoires qui touchent tous les domaines des mathématiques et de la mécanique : astronomie, probabilités, théorie des équations algébriques (son travail sur les racines ouvre la voie à Abel et Galois), équations différentielles, théorie des fonctions. Lagrange excelle particulièrement en arithmétique, où il résout plusieurs conjectures difficiles dues à Fermat, et où il prouve que tout entier naturel est somme de 4 carrés. Dans une perspective plus historique, Lagrange est à la transition entre l'époque d'Euler, où l'on publie à tout va sans trop se soucier de la rigueur, et le XIXè siècle où, sous l'impulsion de Gauss, Cauchy et Weierstrass, la rigueur devient un élément central des mathématiques.

La vie privée de Lagrange est peut-être moins heureuse. Il souffre parfois de dépression, et s'il se marie en 1767 avec une de ses cousines (il est veuf en 1783), il n'a pas d'enfants, et on dit que le couple s'entendait mal. Les dernières années à Berlin sont consacrées à l'élaboration du monumental Traité de Mécanique Analytique, où il reprend, complète et unifie les connaissances accumulées depuis Newton. Ce livre, qui devient pour tous ses contemporains une référence, se veut notamment une apologie de l'utilisation des équations différentielles en mécanique.

En 1787, après la mort du roi Frédéric II, Lagrange part pour la France où il devient membre de l'Académie des sciences de Paris. Il est un des rares à traverser la Révolution sans être inquiété: il est même président de la Commission des poids et des mesures, et est à ce titre un des pères du système métrique et de l'adoption de la division décimale des mesures. Les événements le marquent cependant beaucoup, en particulier le guillotinage du chimiste Lavoisier, au sujet duquel il déclare :

Il a fallu un instant pour couper sa tête, et un siècle ne suffira pas pour en produire une si bien faite.

Lagrange participe encore à la création de l'École Polytechnique, provisoirement nommée École Centrale des Travaux Publics, dont il est le premier professeur d'analyse, d'ailleurs peu apprécié. Il écrit encore 2 traités mathématiques (Théorie des fonctions analytiques - Résolution des équations numériques), moins bien accueillis que celui de mécanique analytique. Il se remarie en 1792 avec une jeune fille qui lui est toute dévouée. Il décède le 10 avril 1813, après avoir reçu de Napoléon Ier tous les honneurs de la nation française (comte de l'empire, grand officier de la Légion d'honneur).

Les entrées du Dicomaths correspondant à Lagrange

Les mathématiciens contemporains de Lagrange (né en 1736)
  • Maria Agnesi (née en 1718)
  • Jean Le Rond d' Alembert (né en 1717)
  • Jean III Bernoulli (né en 1744)
  • Etienne Bézout (né en 1730)
  • Lazare Carnot (né en 1753)
  • Pierre Simon de Laplace (né en 1749)
  • Adrien-Marie Legendre (né en 1752)
  • Lorenzo Mascheroni (né en 1750)
  • Gaspard Monge (né en 1746)
  • Marc-Antoine Parseval (né en 1755)
  • Alexandre-Théophile Vandermonde (né en 1735)