Gaspard Monge (9 mai 1746 [Beaune] - 28 juillet 1818 [Paris])
Gaspard Monge est un très brillant géomètre, à qui on doit la création de l'École Polytechnique, et qui est aussi connu pour son rôle pendant la Révolution. Gaspard Monge est né le 9 mai 1746, à Beaune, où son père était marchand. Il fait d'excellentes études chez les Oratoriens (une congrégation de prêtres séculiers dont les membres s'adonnent, entre autres, à des activités d'enseignement), puis à Lyon. Auteur d'un plan de sa ville natale, il est remarqué par l'état-major de l'École royale du génie de Mézières, où le mathématicien Bossut enseigne. Monge est d'origine trop modeste pour être admis comme élève dans cette école, mais il s'y fait employer comme dessinateur. Ses talents de géomètre ne tardent pas à s'exprimer, et Monge invente une méthode graphique originale et élégante afin de définir le plan d'une fortification "imprenable" par les ennemis, quelle que soit leur position.
Son génie mathématique reconnu, Monge enseigne les mathématiques à Mézières à compter de 1766, au départ de Bossut. Il s'investira beaucoup dans cette tâche, pendant presque 20 ans. Il poursuit ses recherches, présentant plusieurs mémoires à l'Académie des sciences, concernant la géométrie différentielle, la géométrie descriptive, le calcul des variations, l'analyse combinatoire. En 1777, il épouse Catherine Huart, qui possède une forgerie, et par son intermédiaire, il s'intéresse de très près à la métallurgie. C'est un des traits caractéristiques de Monge : jamais il ne s'est limité aux mathématiques dites "académiques", gardant toujours un intérêt pour le côté pratique, technique, et même artistique des choses.
Après avoir été élu associé géomètre à l'Académie des sciences, puis avoir obtenu un poste d'examinateur à l'École Navale, Monge doit renoncer à enseigner à Mézières en 1784. À cette époque, il s'intéresse moins aux mathématiques, participe à des travaux avec des chimistes autour de Lavoisier, étudie des phénomènes météorologiques ...
La Révolution va bouleverser la vie de Monge. Scientifique érudit et écouté, il soutient ardemment les événements révolutionnaires. Au lendemain de la chute du roi, en septembre 1792, il est nommé ministre de la Marine. Malheureusement, cette expérience, comme celle de Laplace quelques années plus tard, n'est guère concluante : il démissionne le 8 avril 1793. Revenu à la vie civile, il s'intéresse à l'armement, rédigeant et enseignant de nouvelles méthodes de fabrication de poudre à canon. Son autre préoccupation est la création de l'École Centrale des Travaux Publics, la future École Polytechnique. Les savants les plus prestigieux y enseigneront leurs sujets de recherche. Monge y donnera de 1794 à 1809 (avec une interruption de 4 ans) des cours d'analyse et de géométrie descriptive, et sera même un temps directeur de l'école.
En 1796, il part en mission en Italie (il s'agit de repérer les richesses culturelles que les dernières conquêtes permettent de ramener en France), et il y rencontre Napoléon Bonaparte, auquel il vouera une admiration et une amitié sans bornes. En 1798, il rejoint l'expédition napoléonienne en Egypte (au côté des mathématiciens Fourier et Malus), alors que celle-ci rencontre des succès (Malte, Alexandrie). Mais après la destruction de la flotte napoléonienne par celle de Nelson dans la bataille d'Aboukir en août 1798, Napoléon et son armée se retrouvent bloqués dans les pays qu'ils viennent de conquérir. Monge en profite pour mettre en place l'Institut d'Egypte au Caire, et mettre la dernière touche à son traité Application de l'analyse à la géométrie.
Il accompagne Napoléon dans son périlleux retour vers Paris en 1799. Lorsque ce dernier s'arroge les pleins pouvoirs, Monge oublie ses visions républicaines, et sert aveuglément l'Empereur dictateur. En retour, il est nommé sénateur, grand officier de la Légion d'honneur, Comte de Péluse. Sa santé décline peu à peu, et l'oblige à arrêter ses enseignements. Quand les défaites de Napoléon s'enchaînent jusqu'à celle de Waterloo en 1815, Monge assiste impuissant à la chute de l'empereur, fuyant un temps Paris. Peu de temps après la Restauration, il est chassé brutalement de l'Institut, où il est remplacé par le royaliste Cauchy. Monge n'a alors plus guère d'activité, d'autant que sa santé mentale et intellectuelle ne le lui permet plus. Il décède le 28 juillet 1818.
À l'occasion du bicentenaire de la Révolution, en 1989, les restes de Monge furent transférés au Panthéon.