Alexandre-Théophile Vandermonde (28 février 1735 [Paris] - 1er janvier 1796 [Paris])
Alexandre-Théophile Vandermonde est un mathématicien français né le 28 février 1735 à Paris, connu également pour ses travaux en physique/chimie, en musique, en économie politique, et pour son activité pendant la Révolution française. Son père est un médecin un temps établi à Macao. Vandermonde fait des études de droit, devient bachelier en 1755, obtient sa licence en 1757. Le décès de son demi-frère en 1762, après celui de son père en 1746, le laisse avec une rente qui lui permet de se consacrer à la musique (c'est un excellent violoniste) et aux sciences : il fréquente les encyclopédistes et il semble que ce soit le géomètre Fontaine qui l'instruit en mathématiques.
Vandermonde présente trois mémoires à l'Académie des sciences entre novembre 1770 et mai 1771. Son Mémoire sur la résolution des équations traite de la résolution des équations polynomiales de degré supérieur ou égal à $4,$ en particulier les équations du type $x^n=1.$ À cet effet, il étudie les permutations de racines et les fonctions symétriques, et ses travaux préfigurent ceux d'Abel et de Galois du début du XIXè siècle. Son Mémoire sur l'élimination introduit la théorie des déterminants, qui sont pour la première fois considérés non pas comme des outils, mais pour eux-mêmes. Son troisième mémoire porte sur le problème des déplacements du cavalier sur un échiquier.
Ces trois mémoires impressionnent suffisamment ses contemporains pour que Vandermonde soit élu à l'Académie des sciences en 1771 comme adjoint-géomètre. Cependant, les contributions de Vandermonde aux mathématiques s'arrêtent presque là ! Il présente encore un mémoire en 1772, puis se tourne vers des domaines plus appliqués. Parmi ses écrits remarqués, on trouve un mémoire avec Bézout et Lavoisier sur les conséquences de la vague de froid qui se produisit en 1776, un Mémoire sur le fer, en collaboration avec Berthollet et Monge, qui établit que les propriétés de l'acier dépendent de sa teneur en carbone. Il propose aussi, en musique, un nouveau système d'harmonie en 1778.
Vandermonde s'intéresse également aux arts mécaniques. Il succède à Vaucanson en 1783 au poste de commissaire du Bureau des commerces, chargé du dépôt à l’Hôtel de Mortagne de la collection de machines léguées au roi par son prédécesseur. Cette collection fut à l'origine de la création du Conservatoire national des arts et métiers en 1794, et Vandermonde fait partie du premier triumvirat de direction de cet établissement.
Vandermonde est un révolutionnaire convaincu. Il fait partie de plusieurs clubs révolutionnaires, représente le district de Popincourt à la Commune de Paris. Il a également de nombreuses activités administratives : membre de la commission chargée de comparer à la toise et à la livre de Paris les mesures utilisées sur tout le territoire, membre de la Commission des monuments, directeur du Bureau de l'habillement des armées ... Finalement, le 7 février 1795, il est nommé professeur d'économie politique à l'École normale. Il ne donne que 8 leçons, car il est trop affaibli par une hémoptysie qui l'emporte quelques mois plus tard, le 1er janvier 1796.
Terminons cette biographie par deux anecdotes. La première concerne les fameux déterminants de Vandermonde, par lesquels le nom de Vandermonde reste connu. En réalité, ils n'apparaissent pas du tout dans son oeuvre ! Voici ce qu'en dit Henri Lebesgue dans une conférence donnée à Utrecht en 1937 : « La grande notoriété n'est assurée en mathématiques qu'aux noms associés à une méthode, à un théorème, à une notation. Peu importe d'ailleurs que l'attribution soit fondée ou non, et le nom de Vandermonde serait ignoré de l'immense majorité des mathématiciens si on ne lui avait attribué ce déterminant que vous connaissez bien, et qui n'est pas de lui ! » L'hypothèse la plus plausible pour cette erreur d'attribution provient certainement d'une confusion avec les notations utilisées par Vandermonde pour le déterminant.
La seconde anecdote concerne les liens entre Monge et Vandermonde. Ils étaient si amis que Vandermonde était parfois désigné comme « la femme de Monge » (même si Monge s'est marié en 1777).