George Green (juillet 1793 [Sneinton] - 31 mai 1841 [Nottingham])
George Green est un mathématicien et physicien anglais du XIXè siècle au destin extraordinaire : fils de boulanger et lui-même meunier, il a publié un des ouvrages scientifiques les plus importants du XIXè siècle alors qu'il n'avait fréquenté les bancs de l'école qu'une seule année ! Il est né en juillet 1793 à Sneinton, un village de la banlieue de Nottingham. Sa date de naissance exacte est inconnue, mais on sait qu'il a été baptisé le 14 juillet. Son père est donc un boulanger dont les affaires sont prospères et qui achète notamment un moulin pour se fournir sa farine.
George Green passe une seule année à l'école, alors qu'il a huit ans. Il aide ensuite son père et s'occupe de son moulin. Il se lie vers 1823 avec Jane Smith, qui est la fille de l'employé de son père. Ils auront sept enfants ensemble, sans jamais se marier (peut-être en raison de conventions sociales ?). C'est en 1828 qu'il publie son ouvrage scientifique de référence, An Essay on the Application of Mathematical Analysis to the Theories of Electricity and Magnetism (en français, essai sur l'application de l'analyse mathématique à la théorie de l'électricité et du magnétisme). Cette publication, financée grâce à une souscription, comporte toutes les idées nouvelles pour lesquelles Green est connu : formule de Green qui lie intégration sur une surface et sur son bord, fonctions de Green, résolution du problème de Dirichlet.
Les découvertes de Green s'inspirent beaucoup plus des derniers travaux des mathématiciens français comme Laplace ou Poisson que de ceux des mathématiciens anglais contemporains de Green. On ne sait pas vraiment comment Green, vivant dans une ville de province et accaparé par son métier de meunier, a réussi à acquérir une telle culture mathématique. Tout juste peut-on noter qu'il était membre d'un club de lecture par lequel il avait accès aux Transactions de la Royal Society et qu'il aurait pu être en contact avec John Toplis, qui avait traduit la Mécanique Céleste de Laplace en 1814.
L'essai de Green aurait pu rester complètement oublié si, parmi la liste des souscripteurs, il n'y avait eu le mathématicien Edward Bromhead. Celui-ci ne réalise pas l'importance des résultats obtenus, mais il reconnait leur nouveauté et aide Green à les publier dans les Transactions de la Cambridge Philosophical Society. Il encourage aussi Green à reprendre ses études.
Mis à l'abri du besoin par le décès de son père en 1829, qui lui lègue la moitié de sa fortune, Green peut se consacrer alors entièrement aux mathématiques et il entre à Cambridge en 1833, alors qu'il a 40 ans. L'étude des mathématiques ne lui pose évidemment pas de problèmes ; c'est un peu plus difficile pour le latin et le grec pour un élève aussi atypique, du point de vue de l'âge comme de l'origine sociale. Cependant, Green est brillamment diplômé en 1837. Il obtient alors une bourse de Cambridge pour poursuivre ses recherches. Il publie encore des articles très intéressants sur le son et la lumière. Malheureusement, il doit rentrer à Nottingham, malade, au printemps 1840. Sa santé ne s'améliore pas et il décède chez lui le 31 mai 1841.
C'est William Thomson (le futur Lord Kelvin) qui va redécouvrir le travail de Green en 1845. Il va aussitôt le populariser à Paris notamment auprès de Liouville, puis faire publier l'essai de 1828 en trois parties dans le célèbre journal de Crelle.