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Omar Khayyam (1048 [Nichapour,Iran] - 1131 [Nichapour])

Omar Khayyam, dont le nom signifie "vendeur de tentes", du métier de son père, est né en 1048 à Nichapour (actuellement en Iran). Il était un homme brillant, qui excellait en philosophie, en poésie, en mathématiques ou en astronomie. En outre, sa vie est indissociable des mouvements qui agitent alors le Moyen-Orient, entre instauration de la religion musulmane et domination des Turcs seldjoukides.

Commençons cette biographie par une légende sur sa vie. Alors qu'il était étudiant à Nichapour, il était très lié avec deux autres camarades, du nom de Abdoul Kassem et Hasan ibn al Sabbah. Un soir, il leur proposa le pacte suivant : le premier à faire fortune soutiendrait les deux autres. Les autres acceptent le pacte, et le premier à obtenir une position enviable est Abdoul Kassem. Ce dernier devient en effet sous le nom de Nissan el Molk le grand vizir du sultan Malik Shah. Ces deux anciens compagnons viennent alors se présenter à lui. Omar demande la protection du vizir, afin de pouvoir mener ses recherches à l'abri du besoin. Hasan demande à être introduit à la cour. Les voeux des deux hommes sont exaucés. Mais Hasan complote alors à la cour dans l'espoir de prendre la place de son protecteur. Découvert, il est renvoyé et fonde l'ordre ismaélien des Assassins, à la fois secte et mouvement terroriste, qui depuis la forteresse qu'il fera construire à Alamout tuera Nissan el Molk en 1092.

Venons-en maintenant à des faits plus vraisemblables. Après des études dans sa ville natale, Khayyam passe de nombreuses années à Samarcande sous la protection de Abou Tahir, qui est alors administrateur de la ville. Il y écrit notamment un important traité d'algèbre. A l'invitation de Malik Shah, troisième sultan de la dynastie des Seldjoukides, et de son vizir Nissan El Molk, il se rend à Ispahan, qui est alors la capitale du royaume. Il dirige la construction d'un gigantesque observatoire, à partir duquel il mesure la longueur d'une année. Khayyam trouve qu'une année fait 365,24219858156 jours. C'est une mesure d'une incroyable précision! On sait désormais que la longueur d'une année change au niveau de la sixième décimale durant une vie humaine, et à titre de comparaison, la longueur d'une année à la fin du XIXè était 365,242190 jours. A la suite de cette mesure, une réforme du calendrier fut adoptée dans le royaume seldjoukide, comme ce fut le cas cinq siècles plus tard en Europe à l'instigation du pape Grégoire.

Après la mort en 1092 de ses protecteurs, Nissan el Molk d'abord, puis un mois plus tard le sultan, Khayyam tombe en disgrâce à la cour et sa vie se fait moins sereine. En 1118, il quitte Ispahan pour passer quelques mois à Merv (cité située au Turkmenistan), puis il va terminer ses jours dans sa ville natale.

La popularité de Khayyam en Occident est surtout due à ses Robbayate, quatrains parfois désabusés où il chante la vie, les femmes, le vin. Cela lui valut d'ailleurs quelques problèmes avec des dignitaires religieux car le vin n'est pas la boisson privilégiée par le Coran! La première traduction est due à Edward Fitzgerald en 1850. Une des difficultés de Fitzgerald fut de distinguer le vrai du faux, car plus de 1000 poèmes sont attribués à Khayyam. Fitzgerald en retint 170, et sa traduction est aussi considérée comme un des chefs d'oeuvre de la littérature anglo-saxonne. Voici l'un des quatrains de Khayyam :

O toi qui es venu tout ardent du monde de l'esprit;
Toi qui, stupéfait, t'interroges sur le cinq, le quatre, le six et le sept,
Bois du vin, car tu ne sais d'où tu es venu.
Réjouis-toi, car tu ne sais où tu vas.

Les travaux mathématiques de Khayyam ne sont pas moins intéressants. Il s'intéresse principalement aux équations du troisième degré, que l'on ne sait pas alors résoudre à l'aide de formules. Khayyam propose une méthode graphique très intuitive pour estimer le nombre et les valeurs des racines, qui est la suivante. Prenons l'équation $x^3-2x-3=0$, que l'on peut transformer en $x^3-2x=3$, puis en $x(x^2-2)=3$, ce qui donne enfin $x^2-2=3/x$. Mais le membre de gauche de l'équation précédente est l'équation d'une parabole, le membre de droite celle d'une hyperbole. Les solutions de l'équation de départ sont donc les abscisses des points d'intersection de la parabole et de l'hyperbole. Pour peu que l'on sache tracer ces courbes avec suffisamment de précision, on pourra avoir une bonne estimation des racines! Signalons aussi que Khayyam était parfaitement lucide sur le fait que sa méthode serait sûrement dépassée par d'autres dans les siècles suivants...

Terminons par un mot de littérature. On dit parfois que Yourcenar était fasciné par deux personnages historiques : l'empereur Hadrien, et Omar Khayyam. N'ayant pas le temps matériel de se consacrer aux deux, elle opta finalement pour une biographie d'Hadrien. On peut toutefois découvrir la vie de Khayyam et la quête du manuscrit des Robbayat dans le roman d'Amin Maalouf intitulé Samarcande.