Soient $a$ et $b$ deux entiers naturels avec $b\neq 0$. Alors il existe un unique couple d'entiers $(q,r)$ tel que $a=bq+r$ et $0\leq r<b$.
Prouvons d'abord l'unicité. Si $a=bq+r=bq'+r'$, avec $0\leq r<b$ et $0\leq r'<b$, alors en effectuant la différence,
on trouve $0=b(q-q')+r-r'$, c'est-à-dire
$$r-r'=b(q'-q).$$
Mais, puisque $0\leq r<b$ et $-b<-r'\leq 0$, on a $-b<r-r'<b$ et donc $|r-r'|<b$. Si $q'$ était différent de $q$,
alors $|b(q'-q)|$ serait supérieur ou égal à $b$, une contradiction. Donc $r=r'$ et $b=b'$.
Prouvons maintenant l'existence. Si $a$ est un multiple de $b$, le résultat est évident, avec $r=0$.
Sinon, puisque $(a+1)b>a$, alors $a$ est compris entre deux multiples consécutifs de $b$. Autrement dit,
il existe $q\in\mathbb N$ tel que $qb<a<(q+1)b$. Posons alors $r=a-qb$. Il vient $0<r<b$, et donc le couple $(q,r)$ convient.
Division euclidienne dans $\mathbb Z$
Soient $a$ et $b$ deux entiers relatifs avec $b\neq 0$. Alors il existe un unique couple d'entiers $(q,r)$ avec $a=bq+r$ et $0\leq r<|b|$.
L'unicité se prouve exactement de la même façon que dans $\mathbb N$.
Prouvons maintenant l'existence. On l'a déjà fait si $a\geq 0$ et $b>0$. Supposons ensuite $a<0$ et $b>0$.
Si $a$ est un multiple de $b$, le résultat est évident. Sinon, effectuons la division euclidienne de $-a$ par $b$.
Il existe un couple d'entiers $(q_1,r_1)$ avec $0<r_1<b$ tels que $-a=bq_1+r_1$.
Prenant l'opposé de cette équation, on trouve $a=b(-q_1)-r_1$. Malheureusement, $-r_1$ n'est pas élément de $[0,b[$,
mais il le devient si on ajoute $b$. Concrètement, on a donc
$$a=b(-q_1)+r_1+b-b=b(-q_1-1)+r_1+b.$$
On pose alors $q=-q_1-1$ et $r=r_1+b$. Puisque $-b<r_1<0$, on a bien $0<r_1+b=r<b$.
On traite enfin le cas $a<0$ et $b<0$. Comme précédemment, si $a$ est un multiple de $b$, il n'y a rien à faire. Sinon, on effectue la division euclidienne de $-a$ par $-b$ : il existe un couple d'entiers $(q_1,r_1)$ tels que $-a=-bq_1+r_1$ avec
$0<r_1<b$. Prenant l'opposé, on trouve
$$a=bq_1-r_1=b(q_1-1)+(r_1+b).$$
On conclut exactement comme ci-dessus en posant $q=q_1-1$ et $r=r_1+b$.
Algorithme d'Euclide
Soient $a$ et $b$ deux entiers avec $b$ non-nul et soit $r$ le reste dans la division euclidienne de $a$ par $b$. Alors $\text{pgcd}(a,b)=\text{pgcd}(b,r).$
Il suffit de prouver que l'ensemble des diviseurs communs à $a$ et $b$ est égal à l'ensemble des diviseurs communs de $b$ et de $r$. Écrivons donc $a=bq+r$ et soit $d$ un diviseur commun de $a$ et de $b$. Alors, écrivant $r=a-bq$, $d$ divise aussi $r$ et c'est donc un diviseur commun à $b$ et $r$.
Réciproquement, si $d$ est un diviseur commun de $b$ et de $r$, écrivant $a=bq+r$, on trouve que $d$ divise $a$, et donc que $d$ est un diviseur commun de $a$ et $b$.
Égalité de Bézout
Soit $a,b$ deux entiers dont l'un est non-nul et $d$ leur pgcd. Alors il existe $u,v\in\mathbb Z$ tels que $au+bv=d$.
Si on veut faire la démonstration "niveau Terminale", on doit la faire sans certains outils, comme la notion de sous-groupes de $\mathbb Z$. Mais on va imiter la preuve du fait que les sous-groupes de $\mathbb Z$ sont les $n\mathbb Z$. On peut supposer que $a$ est non-nul. On note
$$G=\{au+bv; (u,v)\in\mathbb Z^2\}\cap\mathbb N^*.$$
Alors $G$ est non-vide car $|a|$ est élément de $G$. Notons $D$ le plus petit élément de $G$. On va prouver que $D=d$, le pgcd de $a$ et $b$.
D'une part, puisque $D\in G$, $D$ s'écrit $D=au+bv$. Puisque $d|a$ et que $d|b$, alors $d|D$ et donc $d\leq D$.
D'autre part, on va démontrer que $D$ divise $a$ et que $D$ divise $b$. Ainsi, on aura aussi $D|d$, donc $D\leq d$, ce qui prouvera que $D=d$. Pour prouver que $D$ divise $a$, effectuons la division euclidienne de $a$ par $D$ : $a=Dq+r$, avec $0\leq r\leq D-1$. On isole le reste, et on remplace $D$ par $au+bv$. Il vient
$$r=a-Dq=a-(au+bv)q=a(1-uq)+bvq.$$
Mais alors, $r=0$ car sinon, $r\in G$ avec $r<D$ ce qui contredit la définition de $D$. Donc $D|a$. Le même raisonnement, mais en effectuant cette fois la division euclidienne de $b$ par $D$, prouve que $D|b$.
On peut donner une autre démonstration, par récurrence. Remarquons d'abord que, quitte à échanger le rôle de $a$ et de $b$, et à changer $u$ en $-u$ et/ou $v$ en $-v$, on peut supposer $a\geq b\geq 0$ et $a\neq 0$. Soit $n\geq 1$ et notons $\mathcal P(n)$ la propriété suivante : ``Pour tout $(a,b)\in\mathbb N^2$ avec $n\geq a\geq b$ et $a\neq 0$, il existe $(u,v)\in\mathbb Z^2$ tels que $au+bv=d$, où $d=\textrm{pgcd(a,b)}$''. On va prouver par récurrence que pour tout $n\geq 1$, la propriété $\mathcal P(n)$ est vraie. Remarquons d'abord que $\mathcal P(1)$ est vraie. En effet, les seuls cas possibles sont $(a,b)=(1,0)$ et $(a,b)=(1,1)$. Dans les deux cas, le pgcd est 1 et on peut choisir $u=1$, $v=0$. Soit maintenant $n\geq 1$ tel que $\mathcal P(n)$ est vraie, et démontrons $\mathcal P(n+1)$. On fixe donc $a,b\in\mathbb N^2$ tels que $n+1\geq a\geq b$ et $a\neq 0$. On distingue trois cas :
Si $b=n+1$, alors $a=b=d=n+1$ et on peut choisir $u=1$ et $v=0$.
Si $b=0$, alors $d=a$ et on peut choisir là aussi $u=1$ et $v=0$.
Sinon, on a nécessairement $1\leq b\leq n$. Notons $r$ le reste dans la division euclidienne de $a$ par $b$ : $a=bq+r$ avec $0\leq r<b$.
On sait que $d=\textrm{pgcd}(a,b)=\textrm{pgcd}(b,r)$. Alors, en appliquant l'hypothèse de récurrence au couple $(b,r)$, on sait qu'il existe $u_1$ et $v_1$ des entiers tels que $bu_1+rv_1=d$. Remplaçant $r$ par sa valeur, il vient
$$bu_1+(a-bq)v_1=d\iff av_1+b(u_1-qv_1)=d.$$
On en déduit que $\mathcal P(n+1)$ est vraie, avec $u=v_1$ et $v=u_1-qv_1$. Par le principe de récurrence, $\mathcal P(n)$ est vraie pour tout entier $n$.
Remarquons pour cette démonstration l'importance de mettre le quantificateur $\forall (a,b)\in\mathbb N^2$ à l'intérieur de $\mathcal P(n)$, puisqu'on applique $\mathcal P(n)$ non pas à $a$ et $b$, mais à $r$ et $b$.
Théorème de Bézout
Deux entiers $a$ et $b$ sont premiers entre eux si et seulement s'il existe deux entiers $u$ et $v$ tels que $au+bv=1$.
Le sens direct est l'égalité de Bézout démontrée ci-dessus. Le sens réciproque est très facile.
En effet, si $d|a$ et $d|b$, alors $d|au+bv=1$, et donc tout diviseur commun à $a$ et $b$ divise $1$ (et est donc égal à $1$ ou $-1$).
Ainsi, le pgcd de $a$ et de $b$ est égal à $1$.
Lemme de Gauss
Soit $a,b,c$ des entiers tels que $a|bc$ et $a\wedge b=1$. Alors $a|c$.
C'est une conséquence du théorème de Bézout. En effet, l'hypothèse $a|bc$ donne l'existence d'un entier $k$ tel que $bc=ka$. Puisque $a\wedge b=1$, on sait également qu'il existe un couple d'entiers $(u,v)$ tel que $au+bv=1$. On multiplie par $c$ cette dernière égalité, et on trouve $auc+bvc=c$, soit $auc+kav=c$, soit encore $a(uc+kv)=c$. C'est bien que $a|c$.
Critères de divisibilité
Un entier $n$ est
divisible par 3 si et seulement si la somme de ses chiffres est divisible par 3;
divisible par 5 si et seulement si son chiffre des unités est 0 ou 5;
divisible par 9 si et seulement si la somme de ses chiffres est divisible par 9;
divisible par 11 si et seulement si la somme de ses chiffres d'ordre impair moins la somme de ses chiffres d'ordre pair est divisible par 11.
Écrivons $n={a_q a_{q-1}\dots a_1a_0}$ en base 10, c'est-à-dire que
$$n=10^q a_q+10^{q-1}a_{q-1}+\dots+10 a_1+a_0.$$
Pour la divisibilité par 3 ou par 9, on remarque que 10 est congru à 1 modulo 3 ou modulo 9. Par une récurrence facile, on en déduit que $10^k$ est congru à 1 modulo 3 ou modulo 9 pour tout $k\geq 1$.. Ainsi, utilisant la compatibilité de la congruence avec les opérations, on en déduit que
$$n\equiv a_q+\dots+a_0\ [3]$$
et
$$n\equiv a_q+\dots+a_0\ [9].$$
D'autre part, $n$ est divisible par $3$ si et seulement si $n\equiv 0\ [3]$, donc si et seulement si
$$a_q+\dots+a_0\equiv 0\ [3],$$
c'est-à-dire si et seulement si la somme des chiffres de $n$ est divisible par 3.
La démonstration du critère de divisibilité par 9 est exactement identique.
Concernant le critère de divisibilité par 5, on remarque cette fois que $10\equiv 0\ [5]$, et donc que $10^k\equiv 0\ [5]$ pour $k\geq 1$. On en déduit que
$$n\equiv a_0\ [5]$$
et on conclut exactement de la même façon.
Le critère de divisibilité modulo 11 est un peu plus subtil. On remarque cette fois que $10\equiv -1\ [11]$, puis que $100=10^2\equiv -10\equiv 1\ [11]$. Par une récurrence à nouveau, on a $10^k\equiv 1\ [11]$ si $k$ est pair, et $10^k\equiv -1\ [11]$ si $k$ est impair. Ainsi,
$$n\equiv (a_0+a_2+a_4+\dots)-(a_1+a_3+a_5+\dots)\ [11],$$
ce qui démontre le résultat voulu.
Irrationnalité de $\sqrt 2$
$\sqrt 2$ est irrationnel.
On commence par démontrer que si $n$ est un entier, alors $n^2$ pair entraine que $n$ est pair. Par contraposée, il suffit de démontrer que si $n$ est impair, alors $n^2$ est impair. Mais si $n$ est impair, alors $n$ s'écrit $2k+1$, et donc $n^2=(2k+1)^2=4k^2+4k+1=2(2k^2+2k)+1$ est impair, ce qui prouve ce premier résultat.
Supposons ensuite qu'il existe deux entiers naturels $a,b$, avec $b\neq 0$, tels que $\sqrt 2=\frac ab$. On peut toujours supposer (quitte à réduire la fraction), que $a$ et $b$ sont premiers entre eux. Mettons cette égalité au carré. On trouve $a^2=2b^2$. Ainsi, $a^2$ est un entier pair. Par le rappel effectué ci-dessus, $a$ est un entier pair. Il s'écrit donc $a=2a'$. Mais puisque $a^2=2b^2$, on a aussi $b^2=2a'^2$. Ainsi, $b^2$ est pair et donc, par le même raisonnement, $b$ est pair : il existe un entier $b'$ tel que $b=2b'$. Mais $2$ divise $a$ et $2$ divise $b$ : ceci contredit que $a$ et $b$ sont premiers entre eux.
Critère de non-primalité
Un entier $n\geq 2$ n'est pas premier si et seulement s'il admet un diviseur premier inférieur ou égal à $\sqrt n$.
Le sens réciproque est évident.
Si $n$ admet un diviseur premier inférieur ou égal à $\sqrt n$, puisque $\sqrt n<n$ (on sait que $n\geq 2$), il admet un diviseur autre que 1 et lui-même, donc il n'est pas premier.
D'autre part, supposons que $n$ ne soit pas premier, et soit $p$ le plus petit diviseur de $n$ tel que $p\geq 2$ (un tel diviseur existe car $n$ n'est pas premier). Alors :
$p$ est premier : en effet, s'il ne l'était pas, il admettrait un diviseur $r$ tel que $2\leq r<p$, et donc $r$ serait aussi un diviseur de $n$ supérieur ou égal à 2 et strictement plus petit que $p$ : ceci contredit le fait que $p$ est le plus petit diviseur de $n$.
$p\leq \sqrt n$ : en effet, si $n$ se factorise en $n=pq$, alors puisque par minimalité de $p$, on a $q\geq p$, on peut écrire que $n=pq\geq p^2$.
Théorème d'Euclide
L'ensemble des nombres premiers est infini.
Procédons par l'absurde et supposons qu'il existe un nombre fini de nombres premiers qui sont $p_1,\dots,p_r$. Posons $m=p_1\times p_2\times\dots\times p_r+1$.
Soit $q$ un diviseur premier de $m$. Alors $q$ ne peut pas être égal à aucun des $p_i$,
puisque si $q=p_i$, alors $q$ divise le produit $p_1\times p_2\times\dots\times p_r$, $q$ divise aussi $m=p_1\times p_2\times\dots\times p_r+1$ et donc $q$ divise $1$, ce qui est faux. $q$ est donc un nombre premier différent de $p_1,\dots,p_r$ ce qui est absurde. L'ensemble des nombres premiers est donc infini.
Décomposition en produits de facteurs premiers
Soit $n\geq 2$ un entier. Alors $n$ s'écrit de manière unique, à l'ordre des termes près, $p_1^{\alpha_1}\dots p_r^{\alpha_r}$ où les $p_i$ sont des nombres premiers distincts et les $\alpha_i$ sont des éléments de $\mathbb N\backslash\{0\}$.
Existence : On démontre cette propriété par récurrence forte. Posons donc, pour $n\geq 2$, la propriété
$$\mathcal P(n) : ``\textrm{Pour tout }2\leq k\leq n,\ k \textrm{ se factorise en produit de facteurs premiers}''.$$
Alors $\mathcal P(2)$ est vraie puisque $2=2^1$ et que $2$ est premier.
Soit maintenant $n\geq 2$ tel que $\mathcal P(n)$ est vraie, et prouvons que $\mathcal P(n+1)$ est vraie.
Il suffit de prouver que $n+1$ se factorise en produit de facteurs premiers. Si $n+1$ est premier, c'est évident.
Sinon, soit $p$ un diviseur premier de $n+1$ et écrivons $n+1=p\times k$. Alors $2\leq k\leq n$ et donc d'après l'hypothèse de récurrence, $k$ se factorise en produit de facteurs premiers. C'est donc aussi le cas de $n+1$.
Unicité : Suppons que $n$ se factorise de deux façons différentes
$$n=p_1^{\alpha_1}\dots p_r^{\alpha_r}=p_1^{\beta_1}\dots p_r^{\beta_r}$$
avec $\alpha_i,\beta_i\in\mathbb N$ et, par exemple, $\alpha_1<\beta_1$ (on autorise maintenant les $\alpha_i$ et les $\beta_i$ à s'annuler pour gérer le fait que les nombres premiers qui interviennent dans les deux décompositions peuvent être différents). Mais alors, on simplifie par $p_1^{\alpha_1}$ et donc on écrit
$$p_1^{\beta_1-\alpha_1}p_2^{\beta_2}\dots p_r^{\beta_r}=p_2^{\alpha_2}\dots p_r^{\alpha_r}.$$
Ainsi, $p_1$ divise le produit $p_2^{\alpha_2}\dots p_r^{\alpha_r}$. Puisque $p_1$ est premier, par le lemme de Gauss, $p_1$ divise l'un des $p_i$, $i\geq 2$, ce qui est absurde.
pgcd et divisibilité
Soit $a,b$ deux entiers naturels. Alors $\textrm{pgcd}(a,b)=b\iff b|a$.
D'abord, si $b|a$, alors $b$ est un diviseur commun à $a$ et $b$. C'est nécessairement le plus grand, puisque les diviseurs de $b$ sont inférieurs ou égaux à $b$, et donc $\textrm{pgcd}(a,b)=b$.
Réciproquement, si $\textrm{pgcd}(a,b)=b$, alors $b$ est un diviseur commun à $a$ et $b$ et donc $b$ divise $a$.
pgcd et décomposition en produits de facteurs premiers
Soit $a,b$ deux entiers naturels non nuls dont les décompositions en produits de facteurs premiers sont respectivement
$$a=p_1^{\alpha_1}\cdots p_r^{\alpha_r}\textrm{ et }b=p_1^{\beta_1}\cdots p_r^{\beta_r}.$$ Alors
$$\textrm{pgcd}(a,b)=p_1^{\delta_1}\cdots p_r^{\delta_r}$$
où pour tout $i=1,\dots,r$, $\delta_i=\min(\alpha_i,\beta_i)$.
Il est d'abord clair que $p_1^{\delta_1}\cdots p_r^{\delta_r}$ est un diviseur commun à $a$ et $b$. Soit maintenant $d$ un diviseur commun à $a$ et $b$. Soit $p$ un diviseur premier de $d$. Alors $p|a$ (c'est une conséquence de l'unicité de la décomposition en produit de facteurs premiers) et donc $p$ est un des $p_1,\dots,p_r$. On peut alors écrire $d=p_1^{\gamma_1}\cdots p_r^{\gamma_r}$. Puisque $d|a$, on a $p_1^{\gamma_1}|p_1^{\alpha_1}\cdots p_r^{\alpha_r}$. Par le théorème de Gauss, on obtient $p_1^{\gamma_1}|p_1^{\alpha_1}$ et donc $\gamma_1\leq \alpha_1$. Par symétrie, on a aussi $\gamma_1\leq \beta_1$ et plus généralement, $\gamma_i\leq \min(\alpha_i,\beta_i)$, $i=1,\dots,r$. On a donc que $d| p_1^{\delta_1}\cdots p_r^{\delta_r}$. Ce dernier nombre est bien le pgcd de $a$ et de $b$.
Homogénéité du pgcd
Soit $a,b,k$ des entiers non nuls. Alors $\textrm{pgcd}(ka,kb)=k\textrm{pgcd}(a,b)$.
Notons $d=\textrm{pgcd}(a,b)$ et $e=\textrm{pgcd}(ka,kb)$. On a $d|a$, $d|b$ donc $kd|ka$ et $kd|kb$. $kd$ est donc un diviseur commun de $ka$ et $kb$ ce qui entraîne que $kd|e$. On peut donc écrire $e=kdu$, avec $u$ un entier. On a $e|ka$ et donc $kdu|ka$ soit $du|a$. De même, on a $du|b$ et donc, par définition du pgcd, $du|d$. C'est que $u=1$ et donc que $e=kd$, comme désiré.
pgcd et nombres premiers entre eux
Soit $a$ et $b$ des entiers non-nuls et $\delta$ un diviseur commun à $a$ et $b$. Alors $\textrm{pgcd(a,b)}=\delta$ si et seulement si $\frac a\delta$ et $\frac b\delta$ sont premiers entre eux.
Supposons d'abord que $\textrm{pgcd(a,b)}=\delta$. Si $\frac a\delta$ et $\frac b\delta$ ne sont pas premiers entre eux, alors soit $d\geq 2$ un diviseur commun à $a$ et $b$. Alors $d\delta|a$ et $d\delta|b$, ce qui contredit que $\delta$ est le pgcd de $a$ et $b$. Réciproquement, si $\textrm{pgcd}\left(\frac a\delta,\frac b\delta\right)=1$, alors
$\textrm{pgcd}(a,b)=\delta$ par la formule d'homogénéité du pgcd.
Deux définitions de la congruence
Soit $a,b\in\mathbb Z$ et $n\in\mathbb N$ non nul. Alors $n|a-b$ si et seulement si $a$ et $b$ ont même reste dans la division euclidienne par $n$.
Supposons d'abord que $n|a-b$ et écrivons les divisions euclidiennes respectives de $a$ et $b$ par $n$,
à savoir $a=nq+r$ et $b=nq'+r'$, avec $0\leq r,r'<n$. Prenons la différence, on obtient $a-b=n(q-q')+(r-r')$. Puisque $n|a-b$ et $n|n(q-q')$,
il est aussi clair que $n|r-r'$. Mais comme $|r-r'|<n$, ceci n'est possible que si $r-r'=0$, c'est-à-dire si $r=r'$.
Supposons maintenant que $a$ et $b$ ont même reste dans la division euclidienne modulo $n$, c'est-à-dire que $a=nq+r$ et $b=nq'+r$. Alors, faisant la différence, on trouve $a-b=n(q-q')$ ce qui prouve immédiatement que $n|a-b$.
La relation "être congru" est une relation d'équivalence
Soit $m\geq 1$ et $a,b,c\in\mathbb Z$.
Alors
$a\equiv a\ [m]$;
Si $a\equiv b\ [m]$, on a $b\equiv a\ [m]$;
Si $a\equiv b\ [m]$ et $b\equiv c\ [m]$, alors $a\equiv c\ [m]$.
On a :
$a=a+0m$ et donc $a\equiv a\ [m]$.
Si $a=b+km$, alors $b=a-km$ et donc $b\equiv a\ [m]$.
Si $a=b+km$ et $b=c+lm$, alors $a=c+(k+l)m$ et donc $a\equiv c\ [m]$.
Compatibilité de la congruence et des opérations algébriques
Soit $m\geq 1$ et $a,b,a',b'\in\mathbb Z$ tels que $a\equiv a'\ [m]$ et $b\equiv b'\ [m]$. Alors
$a+b\equiv a'+b'\ [m]$ et $ab\equiv a'b'\ [m]$.
Soit $k,l$ tels que $a=a'+km$ et $b=b'+lm$. Alors $a+b=a'+b'+(k+l)m$ et donc $a+b\equiv a'+b'\ [m]$. De même, $ab=(a'+km)(b'+lm)=a'b'+m(kb'+la'+klm)$ et donc $ab\equiv a'b'\ [m]$.
Le petit théorème de Fermat
Soit $p$ un nombre premier et $1\leq a\leq p-1$. Alors $p$ divise $a^{p-1}-1$.
Remarquons d'abord que l'hypothèse entraîne que $a$ et $p$ sont premiers entre eux.
On remarque ensuite que $p$ ne divise aucun entier $ka$, pour $1\leq k\leq p-1$. En effet, puisque $p\wedge a=1$,
on aurait par le théorème de Gauss $p|k$, ce qui est impossible puisqu'on a aussi $1\leq k<p$.
Considérons maintenant les nombres $a,2a,\dots,(p-1)a$. Ils ont tous des restes différents dans leur division par $p$.
Pour démontrer ceci, procédons par l'absurde et supposons que ce n'est pas le cas. Soit $1\leq k<l\leq p-1$ tels que $ka$
et $la$ ont même reste dans la division par $p$. Ceci entraîne que $p|(l-k)a$, et on vient de démontrer que c'est impossible.
Pour $1\leq k\leq p-1$, notons $r_k$ le reste de $ka$ dans la division euclidienne de $ka$ par $p$.
Les entiers $r_k$ sont tous différents, ils sont éléments de $\{1,\dots,p-1\}$, et il y en a exactement $p-1$.
C'est donc qu'ils sont exactement, à l'ordre près, les entiers $1,\dots,p-1$. On en déduit que
\begin{eqnarray*}
a\times 2a\times\dots\times (p-1)a&\equiv&r_1\times\cdots\times r_{p-1}\ [p]\\
&\equiv& 1\times 2\times\dots\times (p-1)\ [p]
\end{eqnarray*}
Ceci se réécrit en disant que
$$(p-1)!a^{p-1}\equiv (p-1)!\ [p]$$
ou encore que $p$ divise $(p-1)!a^{p-1}-(p-1)!=(p-1)!(a^{p-1}-1)$.
Or, $p$ est premier avec $(p-1)!=1\times 2\times\dots\times(p-1)$, et donc par le théorème de Gauss, $p$ divise $a^{p-1}-1$.
Théorème des restes chinois
Soit $m$ et $n$ des entiers premiers entre eux. Alors, pour tout $(a,b)\in\mathbb Z^2$, le système
$$\left\{
\begin{array}{rcl}
x&\equiv&a\ [m]\\
x&\equiv&b\ [n]
\end{array}\right.$$
admet au moins une solution. De plus, si $x_0$ est une solution particulière, l'ensemble des solutions est $\{x_0+kmn;\ k\in\mathbb Z\}.$
Puisque $m\wedge n=1$, il existe d'après le théorème de Bézout un couple d'entiers $(u,v)$ tel que $mu+nv=1$. Posons $x_0=bmu+anv$. Alors $x_0$ est solution du système. En effet, $x_0=b(1-nv)+anv=b+n(va-vb)\equiv b\ [n]$ et
$x_0=bmu+a(1-mu)=a+m(bu-au)\equiv a\ [m]$.
Posons ensuite $x=x_0+kmn$. Alors on a $x=x_0+n(km)\equiv x_0\ [n]$ et de même $x\equiv x_0\ [m]$. Ainsi, $x$ est bien une solution du système.
Enfin, fixons $x$ une solution du système. Alors on a
$$\left\{
\begin{array}{rcl}
x-x_0&\equiv&0\ [m]\\
x-x_0&\equiv&0\ [n]
\end{array}\right.$$
Ainsi, il existe des entiers $s$ et $t$ tels que $x-x_0=sm$ et $x-x_0=tn$. On en déduit que $sm=tn$ et donc que $m|tn$.
Mais $m\wedge n=1$ et donc $m|t$ par le théorème de Gauss. Ainsi, $t$ s'écrit $t =km$ et $x=x_0+kmn$.