Produit scalaire
Dans le plan usuel, pour lequel on a la notion d'orthogonalité, on considère deux vecteurs $\vec u$ et $\vec v$. On choisit $\overrightarrow{AB}$ un représentant de $\vec u$, et $\overrightarrow{CD}$ un représentant de $\vec v$. Le produit scalaire de $\vec u$ et de $\vec v$, noté $\vec u\cdot \vec v$ est alors défini de la façon suivante : soit $H$ le projeté orthogonal de $C$ sur $(AB)$, et $K$ le projeté orthogonal de $D$ sur $(AB)$. On a $$\vec u\cdot \vec v=\overline{AB}\times\overline{HK}$$ c'est-à-dire $\vec u\cdot \vec v=AB\times HK$ si les vecteurs $\overrightarrow{AB}$ et $\overrightarrow{HK}$ ont même sens, $\vec u\cdot \vec v=-AB\times HK$ dans le cas contraire.
Le produit scalaire de deux vecteurs est donc un nombre (on dit encore un scalaire, par opposition à un vecteur, ce qui explique le nom de produit scalaire). Il vérifie les propriétés suivantes :
- il est commutatif : $\vec u\cdot \vec v=\vec v\cdot \vec u$;
- il est distributif par rapport à l'addition de vecteurs : $\vec u\cdot (\vec v+\vec w)=\vec u\cdot \vec v+\vec u\cdot \vec w$;
- il vérifie, pour tout réel $\lambda$ et tout vecteur $\vec u$, $(\lambda \vec u)\cdot \vec v=\vec u\cdot (\lambda \vec v)=\lambda (\vec u\cdot \vec v)$.
- il est défini positif : $\vec u\cdot \vec u\geq 0$ avec égalité si et seulement si $\vec u=\overrightarrow 0$.
On emploie parfois d'autres expressions du produit scalaire, comme celle avec les angles (on utilise toujours les mêmes notations) $$\overrightarrow{AB}\cdot \overrightarrow{CD}=AB\times CD\times\cos\left(\widehat{\overrightarrow{AB},\overrightarrow{CD}}\right)$$ ou celle avec les coordonnées : si dans un repère orthonormé du plan, les coordonnées respectives de $\vec u$ et $\vec v$ sont $(x,y)$ et $(x',y')$, alors : $$\vec u\cdot \vec v=xx'+yy'.$$
Le produit scalaire est très important en mathématiques, car il caractérise l'orthogonalité : les droites $(AB)$ et $(CD)$ sont orthogonales si, et seulement si, $$\overrightarrow{AB}\cdot \overrightarrow{CD}=0.$$ En outre, les calculs de longueur sont aussi reliés au produit scalaire, par la relation $$AB=\sqrt{\overrightarrow{AB}\cdot \overrightarrow{AB}}.$$ C'est aussi un outil fondamental en physique : si une force $\vec F$ déplace un objet d'un vecteur $\vec u$, le travail effectué par cette force vaut $$W=\vec F\cdot \vec u.$$
L'exemple précédent est un modèle pour la définition d'un produit scalaire dans un cadre bien plus général que celui du plan. On cherche à le définir sur un espace de toute dimension. Les propriétés vérifiées par le produit scalaire dans le cas du plan conduisent à poser la définition suivante :
- pour tous $u,v$ de $E$, $f(u,v)=f(v,u)$.
- pour tous $u,v,w$ de $E$, $f(u+v,w)=f(u,w)+f(v,w)$.
- pour tout $\lambda\in\mathbb R$, et tous $u,v$ de $E$, $f(\lambda u,v)=f(u,\lambda v)=\lambda f(u,v)$.
- pour tout $u$ de $E$, $f(u,u)>=0$, avec égalité si, et seulement si, $u=0$.
Autrement dit, un produit scalaire est une forme bilinéaire symétrique définie positive.
- euclidien s'il est de dimension finie.
- préhilbertien s'il est de dimension infinie.
A posteriori, on peut maintenant définir dans un espace vectoriel euclidien les notions d'orthogonalité,...
Ex : Soit $E$ l'ensemble des polynômes, $w$ une fonction continue strictement positive sur l'intervalle $[a,b]$. On définit un produit scalaire sur E en posant $f(P,Q)=\int_a^b P(x)Q(x)w(x)dx.$$ Cet exemple donne naissance à la riche théorie des polynômes orthogonaux.
Pour des raisons techniques, il faut légèrement changer la définition d'un produit scalaire dans le cas d'un espace vectoriel sur $\mathbb C$.
- pour tous $u,v$ de $E$, $f(u,v)=\overline{f(v,u)}$.
- pour tous $u,v,w$ de $E$, $f(u+v,w)=f(u,w)+f(v,w)$.
- pour tout $\lambda \in\mathbb C$, et tous $u,v$ de $E$, $f(u,\lambda v)=\lambda f(u,v)$.
- pour tout $u$ de $E$, $f(u,u)\geq 0$, avec égalité si, et seulement si, $u=0$.
Autrement dit, un produit scalaire sur un $\mathbb C$-espace vectoriel (on dit aussi produit scalaire hermitien) est une forme hermitienne définie positive.
- hermitien s'il est de dimension finie.
- préhilbertien (complexe) s'il est de dimension infinie.