La méthode du mot probable et le chiffre de Vigenère
Lorsqu'on intercepte un message chiffré, il est très rare que l'on n'ait pas une petite idée de son contenu, ou au moins d'une partie de son contenu : nom de l'expéditeur, nom du destinataire, formule de politesse, ou tout autre terme. On appelle ceci un mot probable. Evidemment, cela nous donne de l'information sur le message, et un plus grand espoir de déterminer la clé de chiffrement.
Imaginons que nous ayons intercepté le message suivant :
Nos relations avec la secrétaire du chiffre ennemi (eh oui…il y a des avantages à travailler comme cryptanalyste!) nous ont informé que le chiffre employé est le carré de Vigenère. De plus, il est fort probable que le mot AMBASSADE figure dans ce message. Si l'on sait qu'il se trouve en première position, alors on peut retrouver facilement la clé (ou du moins une partie de la clé). En effet, rappelons la table du carré de Vigenère.
Rappelons que sur ce tableau, on lit sur la première colonne (en vert) les lettres du chiffre en clair, et on lit sur la première ligne (en violet) les lettres de la clé. L'intersection de la colonne et de la ligne donne la lettre du message chiffré. Ainsi, si le (premier) A a été codé P, c'est que la première lettre de la clé est P. Si le M a été codé R, on cherche dans la ligne du M de la première colonne (en vert) où est situé le R. A l'aplomb de ce R, on trouve dans la première ligne (en violet), la lettre de la clé : ici c'est F. De même, si le B a été codé J, c'est que la troisième lettre de la clé est K. En continuant ainsi, on construit le tableau suivant :
Texte analysé | P | R | J | G | D | S | R | B | A |
Mot probable | A | M | B | A | S | S | A | D | E |
Clé | P | F | I | G | L | A | R | Y | W |
Cela n'a pas l'air très concluant. Tant pis, on recommence alors à partir de la deuxième lettre du message chiffré, c'est-à-dire qu'on étudie si RJGDSRBAN peut être un chiffrement d'AMBASSADE avec une clé convenable, et on continue ainsi jusqu'à trouver une clé convenable (ou jusqu'à la fin du message). Bien sûr, c'est un peu long à la main, mais très facile à automatiser. De plus, on peut parfois avoir une idée de la position du mot probable dans le texte (à la fin pour une formule de politesse,…)
La solution, en ce qui nous concerne, commence avec la 14ème lettre du message chiffré. En effet, la lecture du tableau précédent donne
Texte analysé | N | U | H | M | W | W | N | L | K |
Mot probable | A | M | B | A | S | S | A | D | E |
Clé | N | I | G | M | E | E | N | I | G |
Alors, certes, cela ne saute pas aux yeux, mais les 3 lettres NIG se répètent, ce qui fait penser qu'on ait en train de répéter la clé. En reconstituant ce qui est écrit avant et après, la clé est ENIGME.
Le petit formulaire suivant va vous permettre d'automatiser une recherche de la clé par mot probable, dans le cas où le texte est chiffré avec la méthode du carré de Vigenère.