Cryptographie!

Biographie d'Herbert Yardley (13 avril 1889 [Worthington] - 7 août 1958 [Washington])

Herbert Yardley est considéré comme le premier cryptologue américain en ayant créé, durant la Première Guerre Mondiale, un service de cryptologie au sein de l'armée des États-Unis. Il est aussi un personnage controversé pour avoir révélé les secrets de ce service dans son livre The American Black Chamber.

Herbert Osborne Yardley est né le 3 avril 1889 à Worthington dans l'Indiana. Après avoir terminé son lycée, il travaille à partir de 1907 comme télégraphiste dans une société de chemin de fer, suivant en cela les traces de son père. Il réussit un concours de fonctionnaires en 1912 et est engagé comme télégraphiste pour le gouvernement fédéral, plus précisément au service des codes. Il s'amuse, pendant son temps libre, à essayer de déchiffrer les chiffres utilisés et est surpris d'y parvenir. Il écrit alors un rapport d'une centaine de pages expliquant comment déchiffrer les chiffres diplomatiques américains. L'entrée en guerre des États-Unis convainc l'armée américaine de la nécessité d'un service de cryptologie pour tenter de déchiffrer les méthodes de cryptographie utilisées par les adversaires. Ainsi, en juillet 1917, Yardley prend la tête de la nouvelle huitième section du renseignement militaire, le M.I.8.

Yardley se forme au contact des services britanniques et français équivalents et le M.I.8 se révèle très vite efficace. Cependant, avec la fin de la guerre, la nécessité du M.I.8. devient moins claire, et Yardley doit à nouveau convaincre l'État et l'armée de l'importance d'un service permanent de cryptologie. Il y parvient mais sous la forme d'une organisation secrète, à laquelle est donnée le nom d'American Black Chamber, financée par des fonds spéciaux. L'American Black Chamber réussit son plus bel exploit en 1921, en amont de la conférence navale de Washington. Cette conférence avait pour objectif de limiter les armements maritimes de ses cinq participants : les États-Unis, le Royaume-Uni, le Japon, la France et l'Italie. Les États-Unis souhaitaient contenir la flotte japonaise avec un rapport de tonnage autorisé pour les navires de bataille de 6 pour 10; le Japon souhaitait lui un rapport de 7 pour 10. Les services de Yardley interceptèrent et déchiffrèrent les télégrammes envoyés au négociateur japonais par son gouvernement. Ces messages lui enjoignaient d'accepter un rapport de 6 pour 10 s'il y était poussé, afin d'éviter tout conflit. Munis de cette information, les négociateurs américains réussirent à obtenir ce rapport. Comme devait le dire plus tard Yardley, lui-même grand amateur de poker :

Le poker n'est pas un jeu difficile quand on connait les cartes cachées de son adversaire

Au fur et à mesure des années 1920, l'activité de la chambre noire diminue; les télégrammes diplomatiques deviennent plus difficiles à obtenir (il fallait aux compagnies privées enfreindre la loi pour les confier aux services de Yardley). De plus, le travail réalisé apparaît comme immoral à Stimson, le secrétaire d'État du président Hoover. Finalement, le M.I.8 ferme ses portes le 31 octobre 1929, deux jours après le krach boursier à l'origine de la grande dépression.

Yardley, qui a besoin d'argent, décide alors de publier les détails de son activité passée dans un livre, The American Black Chamber, paru en 1931. C'est un grand succès aussi bien aux États-Unis qu'au Japon, où les habitants sont en colère à la fois contre les États-Unis pour leur activité d'espionnage et contre leur propre gouvernement, pour sa faiblesse et sa naïveté. Même s'il révèle dans ce livre des secrets d'état, Yardley échappe à tout procès car aucune loi ne l'interdisait alors.

Malgré quelques interventions dans les services de cryptologie de la Chine et du Canada, Herbert Yardley ne retrouve pas de poste équivalent à celui qu'il occupait au M.I.8 ou à l'American Black Chamber. Il écrit des romans policiers, un ouvrage sur le poker qui se vend bien. Il décède le 7 août 1958, des suites d'une crise cardiaque.