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#1 08-10-2014 07:13:26

freddy
Membre chevronné
Lieu : Paris
Inscription : 27-03-2009
Messages : 7 457

Conseils orientation en cours de vie ...

Salut Fred,

une collègue et amie a mis dernièrement à profit 4 mois de chômage pour se préparer au CAPES de maths. Actuaire certifiée (parcours classique genre sup, spé MM', ISUP puis actuariat) depuis plus de 23 ans (elle n'a pas encore tout à fait un demi siècle d'existence :-)), elle a toujours été tenté par l'enseignement, sans jamais avoir osé se lancer.
Alors qu'elle ne s'y attendait pas, elle a été reçu à l'écrit (non, là, elle savait qu'elle avait cartonné), puis à l'oral (moins facilement, mais sans préparation sérieuse), alors qu'elle avait repris une activité professionnelle.

Je la pousse à passer l'agreg dans le mouvement, elle a beaucoup d'envie et d'énergie, elle n'a plus rien à prouver à personne, le milieu de l'actuariat est hyper technique et de très, très bon niveau en mathématiques (elle a une faiblesse en algèbre qui ne me semble pas rédhibitoire), je pense qu'elle a tout ce qu'il faut pour se colleter quelques années en terminale, voire un peu au dessus.
Pour être précis, je ne l'ai pas vu in situ ... Mais le métier de consultant est assez proche en termes de pédagogie de celui d'enseignant, sauf que c'est client qui te paye, pas les impôts des Français, et qu'il t'écoute toujours avec beaucoup d'intérêt :-)

Je me rapproche de toi pour recueillir ton sentiment, tu es plus proche de la réalité que moi ? L'éducation nationale ou l'enseignement supérieur es-il prêt aujourd'hui à faire confiance à des gens qui ont envie de réaliser leur envie d'enseigner en fin de vie professionnelle, débarrassé de tous les soucis du début de vie d'adulte (couple, enfants, maison, argent, ...).

Son frère, ingénieur de formation, a fait la bascule plus tôt, de manière tout à fait satisfaisante. Comme quoi, c'est un peu génétique ...

Je te pose la question en public, c'est tout l'intérêt d'un forum, merci par avance de tes conseils et remarques, les tiens comme ceux de celles et ceux qui se sentent concernés par le sujet, ceux qui ont fait l'expérience, ceux qui ont un avis, quel qu'il soit, dès lors qu'il est éclairé !

@+


De la considération des obstacles vient l’échec, des moyens, la réussite.

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#2 08-10-2014 21:07:21

Fred
Administrateur
Inscription : 26-09-2005
Messages : 7 035

Re : Conseils orientation en cours de vie ...

Salut Freddy,

  J'ai un avis extrêmement positif sur ces personnes qui se reconvertissent profs. Ces dernières années, sans doute à cause du manque de profs de maths et de la situation difficile du marché de travail, on a vu affluer assez souvent dans les prépas capes des gens un peu plus âgés, entre 35 et 50 ans, à la recherche d'une deuxième carrière. Pour eux, la reconversion se passe le plus souvent très bien, à deux conditions :
* avoir eu au cours de sa vie un très bon niveau de maths (genre une math spé bien suivie par exemple). Les maths bien comprises s'oublient très peu.
* avoir préparé ce projet très en amont, et désirer vraiment cette reconversion (ne pas simplement se dire, j'ai envie de travailler moins, car là on court à la catastrophe).

  Ces gens un peu plus expérimentés s'intègrent souvent mieux dans l'Education Nationale que les jeunes recrues. L'expérience et aussi la confiance en soi acquise dans une autre profession ou en ayant eu des enfants ou autres sont très utiles. Bien sûr, il faut peser le pour et le contre. C'est souvent un sacrifice salarial (un prof débutant est payé de la même façon à 25 ou à 50 ans). Mais les personnes que j'ai vues récemment faire le grand saut ne le regrettent pas.

  Concernant l'agreg, le saut qualitatif est quand même très important. Il reste encore assez difficile d'avoir l'agreg. Le fait d'avoir fait une math spé il y a longtemps n'est plus suffisant (contrairement au capes). Il faut avoir des connaissances plus pointues, et cela demande forcément un gros investissement. Le seul exemple que je connaisse est un ancien normalien, qui après quelques années dans le privé s'est retourné vers l'enseignement. Mais évidemment, il avait déjà fait l'ENS.

Fred.

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#3 09-10-2014 04:57:45

freddy
Membre chevronné
Lieu : Paris
Inscription : 27-03-2009
Messages : 7 457

Re : Conseils orientation en cours de vie ...

Salut Fred et merci !

OK pour l'agreg. Elle s'était inscrite en prep agreg, elle a vite abandonné, les p'tits jeunes allaient trop vite pour elle :-)
Pour ses motivations, le temps disponible n'est pas la priorité. Par contre, quand je lui ai raconté la vie d'un prof, elle n'imaginait pas qu'il puisse autant travailler, même durant les petites vacances, et qu'il fallait être très structuré dans sa tête et organisé dans son quotidien, sept jours sur 7, 10 mois sur 12. Et pour les vacances d'été, je lui ai dit qu'on les mettait souvent à profit pour préparer l'année suivante à la lumière des années précédentes :-)
Je l'ai rassuré en précisant qu'à un moment donné, on bénéficiait d'un retour sur investissement, mais qu'il ne fallait pas trop s'endormir sur ses lauriers :-)


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#4 23-10-2014 10:42:52

yoshi
Modo Ferox
Inscription : 20-11-2005
Messages : 16 947

Re : Conseils orientation en cours de vie ...

Bonjour,

Je viens de tomber ce matin sur trois articles qui pourraient nourrir les réflexions d'un futur candidat prof :
Devenir enseignant : le grand n'importe quoi

Bac : puisqu'on vous dit que le niveau monte !

La suppression des notes à l'école est programmée

Tous trois, d'un certain Jean-Paul Brighelli.

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#5 23-10-2014 17:40:29

tibo
Membre expert
Inscription : 23-01-2008
Messages : 1 097

Re : Conseils orientation en cours de vie ...

Bof, je ne suis pas d'accord avec lui sur pas mal de points.
- tout d'abord il est faux que les ESPE imposent d'obtenir un master MEEF pour être titularisé (je suis bien placé pour le savoir). Peut être que certaines ESPE truandent mais faudrait faire attention a ne pas deformer la vérité juste pour vendre plus.
- "Passez donc le master que vous voulez, en n'oubliant pas qu'on fait cours et qu'on tient, face aux élèves, avec du savoir, et pas avec des pratiques pédagogiques." Cette phrase a bien failli m'étouffer. Et il dit dans un autre article être prof... Pauvres élèves! Ça se saurait si le savoir était suffisant pour enseigner (mais nécessaire oui).
- "Pourquoi diable, ai-je innocemment demandé, priver les élèves à venir du bienfait d'une évaluation chiffrée qui vous a si bien profité ?"
Sans rentrer dans le débat de pour ou contre les notes a l'école, parce qu'il existe quelques personnes qui ont réussi a s'en sortir, il faudrait garder un système défaillant?

Bref, et tant d'autres choses qui m'ont déplu dans son écriture a la fois provocatrice et démagogue...

Dernière modification par tibo (23-10-2014 17:42:42)


A quoi sert une hyperbole?
----- A boire de l'hypersoupe pardi !

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#6 24-10-2014 15:13:39

yoshi
Modo Ferox
Inscription : 20-11-2005
Messages : 16 947

Re : Conseils orientation en cours de vie ...

Re,

Sans rentrer dans le débat de pour ou contre les notes a l'école, parce qu'il existe quelques personnes qui ont réussi a s'en sortir, il faudrait garder un système défaillant?

parce qu'il existe quelques personnes qui ont réussi a s'en sortir, il faudrait garder un système défaillant? n'est-ce pas là une amorce de débat ?
Et bien moi, je pense que ce n'est pas parce qu'on a de la fièvre qu'on doit casser le thermomètre...
Je différencie les notes, et l'usage qui en est fait, la façon dont elles sont données...
Personnellement, j'ai toujours expliqué à mes ouailles que les notes ne me servaient pas vraiment à moi ! Qu'elles étaient pour eux, pour eux, leurs parents, voire l'Administration.
J'ai toujours expliqué qu'en fin d'année ou en fin de trimestre, j'avais mon idée sur leurs capacités, leur travail, leur implication, et qu'il fallait pourtant que je puisse me justifier en cas de contestation.
J'ai toujours expliqué comment je construisais un devoir noté et comment (et avec quelle(s) intentions) je faisais un barème, que les résultats pouvaient exceptionnellement ne pas être en accord avec ce que je pensais (en général inférieures) et que je pondérais le résultat sec par un commentaire et que dans ce cas, c'était mon appréciation qui comptait, pas la note...
J'ai mis assez longtemps avant de pouvoir composer un devoir de façon satisfaisante et y associer un barème équitable.
Et il est clair, que c'est le point clé : faire un devoir pour faire un devoir, et créer un barème à la "va-comme je te pousse" ne peut qu'être une faillite quel que soit le système d'évaluation choisi.
N'as tu jamais rencontré le système de lettres A,B,C,D,E aussitôt mâtiné de A+, B--, C++... On se croirait chez S&P ou Fitch avec la "note souveraine" de la France...

Tu as failli t'étouffer ? Montaigne disait déjà des précepteurs, qu'il était préférable qu'ils aient la tête bien faite plutôt que bien pleine !
Mettre quelqu'un de très fort en face d'une classe n'est ni une condition nécessaire, ni suffisante pour qu'il réussisse... Encore unbe citation (que je l'aime celle-là), de Rabelais cette fois : Science sans conscience n'est que ruine de l'âme.

Quant à l'auteur, dont je n'avais jamais entendu parler, c'est un polémiste et un provocateur : il fait réagir, réfléchir dans un sens ou dans l'autre...

Allez, une dernière pour la route : de la caricature nait la vérité... Et celle-là ne figure pas sur la toile (je viens de vérifier) !
Le paris sont ouverts b : c'est de qui ?

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#7 24-10-2014 16:19:03

freddy
Membre chevronné
Lieu : Paris
Inscription : 27-03-2009
Messages : 7 457

Re : Conseils orientation en cours de vie ...

Salut,

je pense que jpp le sait :-)))

Bon, aux prépa épices, j'expliquais que la note était la mesure d'une performance à un moment donné, comme un chrono, une distance, un poids ... Et que de toutes les manières, il était nécessaire d'évaluer, d'étalonner, car ensuite, il fallait classer pour organiser une procédure de choix la moins arbitraire possible. Pour avoir passé des concours publics, pour travailler aujourd'hui dans un organisme de droit privé, je puis dire que ce système est celui qui se rapproche le plus de l'idéal démocratique républicain français : au départ de la course, on est tous sur la même ligne droite de départ ...

Comme jeune élève, j'ai connu la notation avec des lettres ... no comment !. C'est tout un état d'esprit, un système de notation, toute une culture nationale.
Ce sont les parents actuels qui font des notes un drame, car ils rejouent le drame de leur scolarité. Leurs enfants sont plus intelligents, comme nous l'étions à leur âge, et ont une meilleure distance critique du sujet ...


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#8 24-10-2014 19:14:52

yoshi
Modo Ferox
Inscription : 20-11-2005
Messages : 16 947

Re : Conseils orientation en cours de vie ...

B'soir,


Je me souviens d'une jeune collègue qui faisait ses moyennes avec 3 chiffres (après la virgule) et calquait ses appréciations sur ses résultats.
Alors mi-charrieur, mi pince sans rire, je lui avais dit :
>> T'es sûre de tes arrondis, hein ? Parce que si tu arrondis à 12,875 au lieu de 12,874 alors ça pourrait être de nature à modifier légèrement ton appréciation....
>> Ah bon ! Tu crois ?...
>> Bien sûr...
Et elle avait fini par piger que je la taquinais et on en avait discuté...

freddy a écrit :

Et que de toutes les manières, il était nécessaire d'évaluer, d'étalonner, car ensuite, il fallait classer pour organiser une procédure de choix la moins arbitraire possible.

En effet, le problème de la suppression des notes, parce que les mauvaises gênent ceux qui les obtiennent, ne les aide pas à progresser... etc, c'est que tôt ou tard, ils seront soumis à une évaluation chiffrée (ou pas) couperet et que "ça leur fera drôle" ! La note a besoin d'être expliquée pour être comprise et non plus (souvent) vécue comme une punition, voire une vengeance du prof.
J'ai aussi essayé en même temps, la méthode de la fiche auto-évaluative, où le prof mettait son "jugement" à côté de celui de l'élève, plus la note : en théorie instructif !
Hélas, ça n'avait encore profité qu'aux mêmes (à 95%), à ceux qui n'en auraient pas eu besoin
Si on les supprimait, il faudrait tout revoir du CP au DESS, mais pas seulement parce que tout est lié...

En effet, notre ministre veut (voudrait ?) aussi supprimer les redoublements.
Les redoublements ne servent à rien (ça, c'est discutable) et ça coûte cher à l'Etat (là, c'est vrai)... Et qui décide du redoublement ? La note généralement...
Sur quoi se basent les commissions d'appel (j'en ai été !) pour infirmer ou confirmer la décision du Conseil de Classe ? Essentiellement sur des résultats chiffrés...
Cela dit, j'ai toujours trouvé que le système actuel du redoublement est disons, illogique...
Obliger un élève à refaire une classe donc certaines matières dans lesquelles il est pourtant à l'aise à cause d'autres où il ne l'est pas est quand même paradoxal, à mon sens.
Je crois que ce à quoi je pense existe (mais où ?) : faire des classes non plus horizontales mais verticales... des classes de matières ! Ce qui permettrait de ne redoubler que les matières avec lesquelles on est en délicatesse...
Mais bonjour l'organisation...
De toutes façons, un ministre ou son cabinet ne devrait pas pouvoir imposer ses idées. Une réforme, une vraie, de l'EN devrait être l'aboutissement d'une réflexion collective, tous bords confondus, qui aurait pris le temps nécessaire pour dégager le consensus le plus large possible.
Et après, on n'emm... plus le monde ! On n'y revient pas avant longtemps sauf pour des correctifs mineurs. Je ne sais pas combien de nouveaux programmes j'ai été obligé d'appliquer... un bon nombre c'est sûr ! Un par ministre différent ?

@+


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#9 25-10-2014 22:59:03

tibo
Membre expert
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Messages : 1 097

Re : Conseils orientation en cours de vie ...

Re,

yoshi a écrit :

Sans rentrer dans le débat de pour ou contre les notes a l'école, parce qu'il existe quelques personnes qui ont réussi a s'en sortir, il faudrait garder un système défaillant?

parce qu'il existe quelques personnes qui ont réussi a s'en sortir, il faudrait garder un système défaillant? n'est-ce pas là une amorce de débat ?

Mes doigts ont fourché, ce n'est pas exactement ce que je voulais dire et je ne voulais vraiment pas lancer le debat, mais maintenant que c'est fait...

A vrai dire, je n'ai pas d'avis tranché sur la question (pas assez de recul encore je pense)
Ayant connu l'évaluation notée toute ma scolarité,  je ne pense pas que le système actuel soit si defaillant. Mais surtout ne connaissant que ça j'ai du mal a appréhender un autre systeme.
Mais ne soyons pas misonéiste!
Le sujet m'intéresse (de loin car on ne parle généralement uniquement de la suppression des notes à l'école primaire) donc j'ai lu quelques trucs et il faut avouer que les arguments allant dans le sens de la suppression des notes a l'école primaire ne sont pas idiots.
Personnellement, je pense que les notes servent essentiellement aux cursus selectifs (lycée pro,techno ou général, bac, post-bac, concours,...) et donc jusqu'en cm2 voire 6° ou 5°,la sélection étant inexistante, les notes sont plutot la pour... "faire jolie" , comme une exigence de la société parce que tout doit pouvoir être quantifié y compris "l'intelligence" de nos enfants. La note en soit ne sert a rien sans le commentaire qui va avec, sauf si le but est de classer les élèves.
Est-ce un bien ou un mal? Est-il bon de les habituer si jeunes a cet esprit de compétition?
Je n'ai pas la réponse a ces questions...


Et puisque l'on est dans les sujets qui fâchent, 100% des études montrerais (j'utilise bien le conditionnel) que le redoublement ne serait pas bénéfique a long terme pour la très grosse majorité des cas et ce serait (toujours au conditionnel) un fait connu depuis très longtemps mais que les profs refuseraient d'admettre empêchant la situation d'évoluer.
Pas d'avis non plus sur la question. C'est ce qu'on m'a dit en formation. Je veux bien le croire (que les profs fassent un bloquage ; tout mes collègues m'ont expliqué, certains avec véhémence, les vertus du redoublement) mais je me méfie toujours des études auxquelles on peut faire dire tout et n'importe quoi.

Dernière modification par tibo (25-10-2014 23:05:14)


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