Bibm@th

Forum de mathématiques - Bibm@th.net

Bienvenue dans les forums du site BibM@th, des forums où on dit Bonjour (Bonsoir), Merci, S'il vous plaît...

Vous n'êtes pas identifié(e).

#1 13-03-2017 10:43:45

yoshi
Modo Ferox
Inscription : 20-11-2005
Messages : 16 948

Les Français étaient bons en Maths...

Bonjour,

Je viens de tomber sur ce site :
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/ar … ths-125928
et j'ai pensé qu'il y avait de quoi débattre...

Il me reste à chercher les nouveaux prog de TS pour vérifier l'affirmation de l'auteur selon laquelle e chapitre Dénombrements en a effectivement été supprimé...

@+


Arx Tarpeia Capitoli proxima...

Hors ligne

#2 13-03-2017 12:08:18

freddy
Membre chevronné
Lieu : Paris
Inscription : 27-03-2009
Messages : 7 457

Re : Les Français étaient bons en Maths...

Salut,

qu'en pensent les profs en exercice qui nous lisent ?
Perso, je suis désespéré, mais depuis au moins 1988 ...


De la considération des obstacles vient l’échec, des moyens, la réussite.

Hors ligne

#3 13-03-2017 12:19:26

yoshi
Modo Ferox
Inscription : 20-11-2005
Messages : 16 948

Re : Les Français étaient bons en Maths...

Re,

+1000

@+


Arx Tarpeia Capitoli proxima...

Hors ligne

#4 13-03-2017 13:21:21

Fred
Administrateur
Inscription : 26-09-2005
Messages : 7 035

Re : Les Français étaient bons en Maths...

Hello,

freddy a écrit :

Salut,

qu'en pensent les profs en exercice qui nous lisent ?

Un élément de réponse.

Il n'y a en effet plus (ou presque plus) de dénombrement au lycée. Les coefficients binomiaux $\binom nk$ sont introduits comme le nombre de chemins dans l'arbre de Bernoulli à n épreuves amenant k succès.

Cela dit, le vrai problème ne me semble pas le programme, c'est le volume horaire et aussi ce qu'est devenu la filière S : 53% des élèves de section générale le passent! C'est un mouvement de fond. Des économistes influents sont pour l'abandon des filières au lycée au profit d'un bac général, renvoyant toute spécialisation à l'enseignement supérieur. Pourtant, il me semble, en science du moins, que les compétences nécessaires sont de plus en plus pointues et qu'à force, au lieu de former de brillants ingénieurs, on ne sera plus capable que de produire des jeunes gens capables d'agiter les mains.

@+
F.

Hors ligne

#5 13-03-2017 14:35:55

tibo
Membre expert
Inscription : 23-01-2008
Messages : 1 097

Re : Les Français étaient bons en Maths...

Salut,

Pour commencer, tout ce qui suit n'est que l'avis d'un jeune prof en début de carrière. Je manque énormément de recul pour avoir une analyse suffisamment objective. Lycéen en 2004, j'ai étudié avec un ordinateur, et ce jusqu'à la fin de mes études. J'ai du mal à concevoir un enseignement qui ne l'utilise pas.


Effectivement, plus de dénombrement au lycée.
Les coefficients binomiaux sont une fonction de la calculatrice.
Et de toute façon, ça ne sert pas à grand chose de savoir ce que c'est car pour une variable aléatoire $X\simeq \mathcal{B}(n,p), P(X=k)$ se calcule avec une fonction de la calculatrice.
Fini la formule avec les coefficients binomiaux.

Personnellement, je continue à leur montrer la factorielle, et définie les combinaisons et les arrangements avec, pour essayer de leur faire appréhender les objets mathématiques qu'ils manipulent. Mais je ne m'attarde pas dessus et reprend rapidement la calculatrice.
Je suppute qu'un inspecteur qui passerait par là ne serait ravi de voir ça...



Concernant, l'utilisation de l'ordinateur et de la calculatrice au lycée, on a déjà eu de longs débats ici même à ce sujet.
Mais mon avis a sûrement pas mal évolué depuis que j'enseigne.

Déjà pour la calculatrice, je suis pour un arrêt total de son utilisation.
Selon moi, l'un des objectifs de l’Éducation Nationale est de faire des élèves des citoyens capables de se débrouiller dans leur vie d'adulte. Cela passe entre autres par apprendre à utiliser leur cerveau et à manipuler des outils de la vie courantes.

La calculatrice ne répond à aucun de ces critères. On passe des heures à essayer de leur faire utiliser un objet qui disparait totalement de leur vie une fois le bac en poche... (Bac qui devrait aussi dégager mais c'est un autre débat.)
Donc la calculatrice ! Hop, ça dégage !

Pour l'ordinateur, c'est autre chose. Plus aucun métier (sauf exception) ne peut se passer d'un ordinateur. Donc là oui. L'ordinateur devrait même prendre plus de place au collège et lycée qu'il n'en a actuellement.
Après, est-ce vraiment au prof de math de s'occuper de ça? Est-ce même à des adultes à peine formés, donc n'y connaissant pas grand chose, d'enseigner quelque chose que certains élèves maitrisent bien mieux que le prof?
Quid d'une matière Informatique, avec des enseignants sortant de fac d'info...
Mais du coup il faut prendre des heures à d'autres matières... Question compliquée...



Pour revenir au thème de l'article, quand je dis que j'aimerais voir l'ordinateur prendre plus de place, cela ne signifie pas qu'il doit replacer le cerveau.

Je déplore que de plus en plus de question au bac ont pour réponse "D'après la fonction XXX de la calculatrice, on a..."
Ce qui est dommage, ce n'est pas tant que la réponse commence comme ça, mais qu'on l'on ne sache pas pourquoi la calculatrice donne ce résultat.
Que fait la calculatrice pour obtenir ce résultat? Ce résultat est-il cohérent avec le contexte de l'exercice?
Puis-je le critiquer? ("Bah non! Si la calculatrice me dit ça c'est forcément que c'est vrai !"...)



Pour finir sur l'ordinateur, j'essaie de l'utiliser assez souvent pour
- conjecturer : On cherche à démontrer une certaine propriété géométrique. On la conjecture avec Geogebra par exemple, mais la fin de l'exercice se fait avec un papier, un crayon et son cerveau.
- servir d'exemple : Pour visualiser une propriété un peu abstraite, l'ordinateur peut être une aide.

Mais tout cela ne démontre rien. pour démontrer c'est papier-crayon.




PS : Je viens de lire rapidement le lien de Fred, et je ne suis pas d'accord.
L'algorithmie est un excellent moyen d'apprendre à réfléchir logiquement et rigoureusement.
Et je suis bien content de son introduction.

Dernière modification par tibo (13-03-2017 14:47:42)


A quoi sert une hyperbole?
----- A boire de l'hypersoupe pardi !

Hors ligne

#6 13-03-2017 15:35:29

yoshi
Modo Ferox
Inscription : 20-11-2005
Messages : 16 948

Re : Les Français étaient bons en Maths...

Bonjour,


Les enseignants " notent tous des lacunes, des failles énormes en calcul algébrique et littéral dès la seconde puis en première et en terminale. Ces difficultés ne sont pas nouvelles, mais elles ont été sans aucun doute amplifiées par la réforme.

Je suis pleinement d'accord avec la conclusion sous-jacente de l'étude : le problème vient du Collège...
Et là, je ne suis pas en terrain mouvant : dès la 3e les difficultés calculatoires citées sont criantes.
Calcul fractionnel, avec racines carrées, calcul littéral, résolution d'équations réellement maîtrisés par, 20 allez 30 % des élèves.

Les difficultés à formelliser une situation sont tout aussi flagrantes : résoudre algébriquement un problème ou même arithmétiquement est trop souvent un gouffre infranchissable...
Et j'en viens à l'algorithmie : pour moi les deux problématiques sont issues d'un même rameau.
L'algorithmie est souvent utilisée, pour ce que j'en ai vu, par des gens qui n'ont que de vagues notions de ce qu'est la programmation et des difficultés spécifiques qui lui sont inhérentes, les sujets mal choisis, mal rédigés...
Et pourtant, je rejoins tibo, en lien avec des situations mathématiques précises, utilisée par des gens qui auront accepté d'y réfléchir longuement, peut être très formateur si le choix du sujet est judicieux : c'est la forêt vierge à défricher pour le moment...

Il me paraît particulièrement grave de transformer nos élèves en machines presse-boutons en fonction d'un catalogue de recettes (plus ou moins bien maîtrisées d'ailleurs). Si on n'apprend pas à raisonner logiquement en Maths, alors où ?
Je partage aussi les réticences de tibo sur l'emploi de la calculatrice (qu'on peut étendre à l'usage du tableur) à un bémol près : la calculette est là et bien là, et elle ne disparaîtra pas si on la proscrit...
Je l'ai déjà signalé : il y a longtemps (c'étaient les débuts de la démocratisation de la bécane), un mien collègue l'avait interdite dans ses classes... Résultat des courses : ses ouailles s'en servaient quand même, dans son dos, en dehors de ses cours et faisaient n'importe quoi avec...
Ils doivent savoir qu'une machine est au service de son propriétaire et pas le contraire : elle ne dispense pas de réfléchir...
Autres anecdotes : au cours de la correction d'un problème en 6e, un élève m'interpelle et me dit ne pas être d'accord avec mon résultat...
Je vais voir, il me tend sa calculette et me dit : je ne trouve pas ça !
C'était un problème classique de calcul d'aire d'un rectangle où on donne les dimensions avec deux unités différentes et on demande d'exprimer le résultat dans une 3e : il n'avait pas tenu compte des unités...
Au cours d'une interro, j'avise un zèbre qui s'agitait avec sa machine et noircissait du papier, j'y vais et un dialogue surréaliste s'engage :
- Qu'est-ce que tu fais ?
- Bin, m'sieu, JE calcule...
- Ah ? Pourquoi ?
- Bin, c'est un problème et dans les problèmes on fait des calculs...
- Ah ! Et est-ce que tu sais à quoi servent les calculs que tu fais, ce qu'ils représentent dans ton problème ?
- Non, ça, je verrai après...

Là est le danger la calculette et aussi celui de l'ordinateur.

Vous savez que j'aime citer Rabelais : Science sans conscience n'est que ruine de l'âme...
Je trouve encore aujourd'hui cette phrase sentencieuse plus qu'appropriée.

@+


Arx Tarpeia Capitoli proxima...

Hors ligne

#7 13-03-2017 15:51:26

freddy
Membre chevronné
Lieu : Paris
Inscription : 27-03-2009
Messages : 7 457

Re : Les Français étaient bons en Maths...

Salut,

j'en ajoute une de mon cru.

A la fac (L1 en MASS), de temps en temps, je demandais à mon jeune et nouvel auditoire combien valait le tiers et demi de 100 !
Une fois, un gars me dit : 49,999999 ... (c'était d'ailleurs assez rare qu'on me réponde ;-))
Interloqué, je lui demande comment il a fait son truc, il me répond : c'est le résultat de ma calculatrice.
Nous étions en 1984 ...
Fermez le ban !


De la considération des obstacles vient l’échec, des moyens, la réussite.

Hors ligne

Pied de page des forums