Cryptographie!

Le tatouage numérique


  L'une des applications les plus prometteuses de la stéganographie est le tatouage électronique de document, ou watermarking en anglais (watermarking signifie filigrane). Il ne s'agit plus de cacher une image dans un document, mais de marquer de façon indélébile celui-ci. Les buts recherchés sont multiples : le premier d'entre eux est la protection des droits d'auteur. On inscrit sur le document des informations relatives à son auteur, de sorte que personne ne puisse se l'approprier.

  Dans d'autres cas, le propriétaire d'un document (comme un logiciel) peut marquer différemment tous les exemplaires autorisés (les différentes copies qu'il a vendues). Si des copies illégales sont faites, le marquage permet de remonter jusqu'à l'origine de la copie. Dans le même ordre d'idées, on rapporte qu'au début des années 80, Margareth Thatcher, lasse de lire des fuites d'informations confidentielles dans la presse, avait fait modifier les traitements de texte des différents ministères : une petite modification de l'espacement des lignes, invisible à l'oeil nu, mais aisément décelable à l'aide d'un scanner, caractérisait chacun d'entre eux. Elle put ainsi remonter jusqu'à l'origine de la fuite.

  Un dernier type de marquage a pour objet d'empêcher la copie ou de limiter l'exploitation du document. Par exemple, les DVD sont "zonés" : un DVD acheté aux Etats-Unis est normalement illisible par un lecteur européen. Le problème de ce type de marquage est qu'il est nécessaire qu'il y ait coopération du matériel (que le lecteur vérifie le marquage). Tôt ou tard, ce type de protection finit par être contourné.

  Les contraintes d'un algorithme de tatouage sont nombreuses, et parfois contradictoires. Prenons l'exemple du filigrane dans une image. L'algorithme doit :
  • respecter la qualité de l'image, l'idéal étant que le tatouage soit parfaitement invisible pour l'utilisateur.
  • être robuste : le marquage doit pouvoir résister aux transformations que subit l'image (compression dans un format type jpeg, application de divers filtres, prélèvement d'une partie seulement d'une image, et même impression/numérisation). Le marquage doit donc être suffisamment invisible pour être indétectable de l'utilisateur, mais suffisamment visible pour ne pas être éliminé par le scanner.
  • garantir la présence ou l'absence de tatouage : il faut qu'en présence d'une image, on puisse décider avec une grande probabilité si elle est tatouée ou non, et à qui appartient le tatouage.
  • résister aux attaques : il ne doit pas pouvoir être possible, sans une clé spécifique, de supprimer le tatouage.
  Pour toutes ces raisons, les algorithmes de marquage numérique n'en sont qu'à leurs prémices. La méthode la plus prometteuse semble être l'analyse fréquentielle des images (en utilisant les transformées de Fourier,...), pour inscrire le tatouage dans les moyennes fréquences (invisibles à l'oeil, mais non modifiées par la compression).

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