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Wolfgang Döblin (17 mars 1915 [Berlin] - 21 juin 1940 [Housseras])

Wolfgang Döblin fait partie, comme Galois ou Abel, de ces mathématiciens de génie dont la très courte vie fut fauchée par un destin tragique. D'origine allemande, il est le fils d'Alfred Döblin, médecin-psychiatre juif, qui est aussi l'un des plus grands écrivains allemands de l'entre-deux guerre; il est mondialement connu pour son roman Berlin Alexanderplatz. Juif aux idées politiques marquées à gauche, Alfred Döblin fait partie de la liste noire des nazis. Au lendemain de l'incendie du Reichstag, en février 1933, il s'exile en Suisse, puis en France. Wolfgang reste à Berlin le temps d'obtenir son baccalauréat, puis il rejoint sa famille en juin 1933.

Il entreprend alors des études de mathématiques à la Sorbonne, et il se spécialise très vite dans la théorie des probabilités qui connait un nouvel essor suite aux travaux de Kolmogorov. Paris est alors avec Moscou l'un des centres les plus actifs dans ce domaine, et Doeblin y travaille sous la direction de Fréchet et de Lévy. Il soutient sa thèse en 1938, alors qu'il a obtenu déjà des résultats profonds et novateurs notamment dans la théorie des chaines de Markov.

Naturalisé français en 1938, Wolfgang Döblin doit effectuer son service militaire. Il est incorporé en novembre 1938 dans un régiment d'infanterie des Ardennes comme télégraphiste. Il trouve encore la force pour travailler quelques heures par jour. Après le début de la guerre, son régiment participe aux combats dans la Sarre et dans les Vosges. Döblin y a un comportement exemplaire, voire héroïque (il est décoré de la croix de guerre en mai 1940). En juin, dans la nuit du 20 au 21, alors que son régiment est prêt à se rendre, il s'enfuit et se suicide dans le village de Housseras. Son corps est enterré aussitôt et ne sera identifié qu'en 1944.

La vie et l'oeuvre de Wolfgang Döblin sont revenus sur le devant de l'actualité en 2000. En effet, alors qu'il était au front, en février 1940, il avait réussi à envoyer un mémoire intitulé Sur l'équation de Kolmogorov sous forme de pli cacheté à l'Académie des Sciences. Conformément au règlement de cette dernière, le pli fut ouvert 60 ans plus tard. Ce mémoire, dont le résultat principal ne fut redémontré qu'en 1965, contenait beaucoup des idées développées en probabilité dans la seconde partie du XXiè siècle.

Les mathématiciens contemporains de Döblin (né en 1915)
  • Pavel Alexandrov (né en 1896)
  • Emil Artin (né en 1898)
  • Maurice Audin (né en 1932)
  • Arne Beurling (né en 1905)
  • Henri Cartan (né en 1904)
  • Gustave Choquet (né en 1915)
  • Yvonne Choquet-Bruhat (née en 1923)
  • Georges De Rham (né en 1903)
  • Jean Dieudonné (né en 1906)
  • Paul Dirac (né en 1902)
  • Joseph Doob (né en 1910)
  • Paul Erdös (né en 1913)
  • Israel Gelfand (né en 1913)
  • Kurt Gödel (né en 1906)
  • Alexandre Grothendieck (né en 1928)
  • Jacques Herbrand (né en 1908)
  • Lars Hörmander (né en 1931)
  • Kiyoshi Ito (né en 1915)
  • Jean-Pierre Kahane (né en 1926)
  • Andreï Kolmogorov (né en 1903)
  • Szolem Mandelbrojt (né en 1899)
  • Benoit Mandelbrot (né en 1924)
  • John Forbes Nash (né en 1928)
  • John von Neumann (né en 1903)
  • Raymond Paley (né en 1907)
  • Emil Leon Post (né en 1897)
  • Laurent Schwartz (né en 1915)
  • Claude Shannon (né en 1916)
  • Sergei Sobolev (né en 1908)
  • Marshall Stone (né en 1903)
  • René Thom (né en 1923)
  • Alan Turing (né en 1912)
  • Pavel Urysohn (né en 1898)
  • André Weil (né en 1906)
  • Oscar Zariski (né en 1899)