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Georg Cantor (3 mars 1845 [St-Petersbourg] - 6 janvier 1918 [Halle])

Il fallait être un visionnaire pour pouvoir imaginer que tous les ensembles infinis n'ont pas le même nombre d'éléments, pour définir des entiers infinis, les ordonner, et même les additionner. Georg Cantor était ce visionnaire, et ses idées révolutionnaires n'ont pas manqué de détracteurs.

Georg Cantor est né le 3 mars 1845 à St Petersbourg. Son père est un commerçant prospère, sa mère est issue d'une famille de musiciens; tous les deux sont très cultivés, et donnent à leur fils une éducation sérieuse, religieuse, et bercée par les arts. En 1846, la famille s'installe en Allemagne (à Wiesbaden, puis Francfort-sur-le-Main), où elle espère trouver un climat plus favorable à la santé du père.

Georg Cantor se révèle être un étudiant brillant, notamment dans les matières manuelles. Malgré les injonctions de son père, qui rêve d'en faire un ingénieur, il part en 1862 à Berlin étudier les mathématiques, où ses maîtres sont Weierstrass et Kronecker. Il soutient son doctorat en 1867 (sur la théorie des nombres), enseigne pendant un an dans une école de filles à Berlin, puis obtient en 1870 un poste à l'Université de Halle où il fera toute sa carrière (professeur extraordinaire, l'analogue de maitre de conférences, en 1872, titulaire d'une chaire en 1879). En 1874, il se marie (il aura 6 enfants).

Les premières recherches post-doctorales de Cantor sont consacrées à la décomposition des fonctions en sommes de séries trigonométriques (les célèbres séries de Fourier) et particulièrement à l'unicité de cette décomposition. Afin de résoudre complètement ce difficile problème, il est amené à introduire et à étudier des ensembles dits exceptionnels. Cela le conduit en 1872 à définir très précisément ce qu'est un nombre réel, comme limite d'une suite de nombres rationnels; parallèlement, son ami Dedekind donne la même année une autre définition de la droite des réels, à partir des coupures. Cantor et Dedekind constatent à cette occasion qu'il y a beaucoup plus de réels que de rationnels, mais il n'y a pas jusque-là de définition mathématique à ce "beaucoup plus".

En 1874, dans le prestigieux Journal de Crelle, Cantor donne une définition du nombre d'éléments d'un ensemble infini qui prolonge naturellement celle du cardinal d'un ensemble fini. Il en déduit, jusqu'en 1897, une succession de découvertes étranges : avec cette définition, il y autant d'entiers positifs que d'entiers relatifs, autant de points sur un segment que dans un carré, beaucoup plus de nombres transcendants que de nombres rationnels. Cette hiérarchie dans les ensembles infinis conduit progressivement Cantor à définir des nouveaux nombres, les ordinaux transfinis, et à définir une arithmétique sur ces nombres.

Les découvertes de Cantor soulèvent la contestation des mathématiciens constructivistes de l'époque, au premier rang desquels on trouve Poincaré et surtout Kronecker, lequel n'hésitera pas à attaquer personnellement Cantor, bloquant ses publications dans le Journal de Crelle, et allant même jusqu'à tenter de bloquer sa carrière. Malgré cela, Cantor obtient un poste de professeur à temps plein à l'université de Halle en 1879.

Vient l'année 1884, et la première crise de dépression de Cantor. Celui-ci perd alors la force d'affronter ses opposants, et n'a plus la confiance d'entreprendre de nouvelles recherches. Il s'intéresse alors à l'histoire, à la littérature anglaise, intervenant notamment dans une crise contemporaine autour des pièces de Shakespeare. En 1899, il obtient un poste administratif consacré à des tâches routinières qui lui permet de renoncer à son enseignement. Peu à peu, ses crises se font de plus en plus fréquentes et longues, et il passe une large partie de son temps à soigner sa schizophrénie dans des maisons de repos. Il décède le 6 juin 1918 à Halle.

Les travaux de Cantor ont eu beaucoup d'influence au XXè siècle. On citera d'abord, en 1903, un paradoxe soulevé par Russell dans la théorie naïve des ensembles : si $A$ est l'ensemble de tous les ensembles qui ne sont pas éléments d'eux-mêmes, $A$ est-il contenu dans $A?$ Les logiciens surmonteront cette difficulté conceptuelle, sans rien changer des conclusions de Cantor. Citons aussi le problème de l'hypothèse du continu. Un des derniers axes de recherche de Cantor était d'estimer le nombre d'éléments de la droite réelle. Plus précisément, Cantor souhaitait prouver l'absence de tout ensemble dont le cardinal soit strictement compris entre le cardinal des entiers et celui des réels. C'est ce qu'on appelle l'hypothèse du continu. Tous les travaux de Cantor et de ses successeurs pour confirmer ou infirmer l'hypothèse du continu furent vains, et pour cause : en 1963, le logicien américain Cohen prouva que, dans une théorie standard des ensembles, l'hypothèse du continu est indécidable. On peut très bien supposer qu'elle est vraie ou qu'elle est fausse sans obtenir de contradiction dans la théorie.

Les entrées du Dicomaths correspondant à Cantor

Les mathématiciens contemporains de Cantor (né en 1845)
  • Paul Appell (né en 1855)
  • Giulio Ascoli (né en 1843)
  • Cesare Burali-Forti (né en 1861)
  • William Burnside (né en 1852)
  • Ernesto Cesàro (né en 1859)
  • Gaston Darboux (né en 1842)
  • Richard Dedekind (né en 1831)
  • Ulisse Dini (né en 1845)
  • Paul Du Bois-Reymond (né en 1831)
  • John Charles Fields (né en 1863)
  • Gottlob Frege (né en 1848)
  • Georg Frobenius (né en 1849)
  • Josiah Willard Gibbs (né en 1839)
  • Jørgen Pedersen Gram (né en 1850)
  • Francis Guthrie (né en 1831)
  • Hermann Hankel (né en 1839)
  • David Hilbert (né en 1862)
  • Otto Hölder (né en 1859)
  • Adolf Hurwitz (né en 1859)
  • Johan Jensen (né en 1859)
  • Camille Jordan (né en 1838)
  • Félix Klein (né en 1849)
  • Sofia Kovaleskaya (née en 1850)
  • Edmond Laguerre (né en 1834)
  • Sophus Lie (né en 1842)
  • Rudolf Lipschitz (né en 1832)
  • Edouard Lucas (né en 1842)
  • Hermann Minkowski (né en 1864)
  • Gösta Mittag-Leffler (né en 1846)
  • Max Noether (né en 1844)
  • Paul Painlevé (né en 1863)
  • Giuseppe Peano (né en 1858)
  • Karl Pearson (né en 1857)
  • Emile Picard (né en 1856)
  • Henri Poincaré (né en 1854)
  • Bernhard Riemann (né en 1826)
  • Eugène Rouché (né en 1832)
  • Hermann Schwarz (né en 1843)
  • Thomas Stieltjes (né en 1856)
  • Ludwig Sylow (né en 1832)
  • Vito Volterra (né en 1860)